Kodomo no yume 12 mars 2006
09H00 du matin, le soleil brillait sur Narita j'avais dormi dans l'avion mais mon corps me disait que pour moi il était seulement 1 heure du mat'.
Une chose était sûre, un aéroport ça ressemble à autre aéroport, j'avais l'impression d'avoir dormi dans un avion ayant fait des tours avant de se reposer sur une autre aire de roissy. Seule chose qui change, beaucoup d'asiat.....mais y'en avait déjà beaucoup là où je traînais à Paris. Je me suis un peu traîné jusqu'au portes d'entrée et là j'ai vu mon premier écran géant haute définition dans le hall d'entrée et un clip du groupe B'Z qui passait devant mes yeux.....je commençais à réaliser où j'étais.
Je suis entré dans un tabac du hall pour acheter un paquet de chewing gum afin de faire de la monnaie pour le téléphone (maintenant que j’y pense, j’aurais aussi bien pu acheter une carte tout de suite mais sur le moment je n’étais pas en phase avec la réalité). J’ai mis 2 pièces de 100 yens dans l’appareil et je fis le numéro de mon hôtel pour entendre le propriétaire me dire qu’il ne trouvait pas ma réservation……….c’est pas grave, je lui ai dit que j’arrivais et qu’on ferais le tri sur place.
Je suis alors descendu dans le métro et c’est là que j’ai compris que j’avais changé de dimension…….le métro comme à Paris sauf que la direction n’est pas indiquée par la fin de la station, qu’il y a au moins dix compagnies différentes qui se partagent le réseau, qu’il faut payer à la station et que le distributeur était aussi simple d’utilisation qu’un scrabble en hébreux et je vous épargne le coté kanji qui rends le tout beaucoup plus drôle.
Il faut aussi savoir que sur la ligne keisei express, pour arriver à Asakusa, il faut changer à Aoto qui correspond à la station oshiage sur la ligne Toei asakusa line et que sur le quai n’est pas indiqué la direction mais le nom de la prochaine station.
Je suis donc descendu à Aoto bien sagement mais là, pas de couloir de changement, juste une sortie et une rame en face. J’ai pris mon courage à 2 mains et je suis allé voir le vieux conducteur qui était encore debout sur le quai :
- « Sumimasen, Asakusa ni ikitai desu. Kono densha…. »
Et lui me faisant un grand sourire et un geste d’accueil dans la voiture se met à hurler à la mort : « AH ! ASAKUSA !!!»
Il faut savoir que le vieux japonais parle….pardon….gueule assez fort à de nombreuses occasion : quand il veut affirmer quelque chose, quand il est content, quand il est bourré ou effectivement quand il conduit le train et que l’on va dans la bonne direction manifestement.
J’avais chaud dans ce train, j’étais le seul occidental assis à coté de jeunes pas super frais style fin de soirée et je regardais par la fenêtre. La végétation ressemblait beaucoup à celle de la France et j’avais l’impression d’être dans un train de banlieue classique mais en décalage, toujours cette autre dimension avec la fâcheuse impression que Rod Sterling allait débarquer derrière moi pour parler à la caméra.
Un groupe de jeunes fille en uniforme d’écolière m’a remis un peu dans le contexte, j’étais pas en banlieue est…….ou alors très à l’est……….
Il était plus de 11 heures quand je suis sorti du métro de Asakusa. Le vent soufflait. Etrangement ma première pensée fut pour mon père, j’ai réellement pensé à ce moment là : « Papa, si tu pouvais me voir, j’y suis enfin ».
Toujours en traînant ma grosse valise je vais jusqu’à mon hôtel et là………porte fermée avec un digicode……. « Check in from am : 09H to 11H / pm : 05H to 07H » ok……c’est pas grave, on va trouver un resto tranquille manger un morceau et faire le check in après……..mais elle est quand même encombrante cette grosse valise……
Je me suis alors arrêté à une cabine et j’ai appelé le proprio :
« Vous êtes dans le coin……c’est bon vous pouvez passez » Que Dieu bénisse le sens commerçant des asiatiques
Le proprio est sympa, il me loue un placard de 3 mètres sur 2 mais il m’invite à venir régulièrement dans le lobby, à me servir d’un des pc de m’installer devant la TV et surtout question primordiale : « Vous aimez boire ? »
Moi : « Oui bien sur »
Et là il a eu un sourire jusqu’aux oreilles et il m a filé la carte de son bar le « twenty three » de l’autre coté du azumabashi, un verre offert tout les soir aux pensionnaires de l’hôtel Khaosan !!
Pauvre bonhomme, il a insisté pour porter ma lourde valise jusqu’à ma chambre dans cet escalier si étroit…..j’ai eu de la peine pour lui.
Une fois installé, j’ai pris ma douche, je me suis rasé et accessoirement coupé la lèvre supérieure dans une salle de bain plus petite encore que ma chambre ……si c’est possible et je suis sorti.
Première ballade dans Tokyo :
Je me suis promené sur le pont Azumabashi qui surplombe la rivière Sumida ( j’avais lu un roman qui portait le nom de cette rivière, l’ancienne histoire d’un jeune homme dont l’aimée devenait une Maiko, une apprentie Geisha et il savais donc que rien n’était plus possible entre eux et il venait promener son chagrin sur les bords de la Sumida), j’ai décidé de ma balader au bord de la rivière et là j’ai fait face à la réalité : fini les animés ou les dramas, première entaille dans le rêve d’enfant, un campement de tentes bleues s’étendait le long des berges, un campement de SDF, je n’avais rien à faire là.
Je me suis promené du coté du sensoji et je suis rentré dans un Conbini pour acheter une carte téléphonique internationale, j’ai posé ma question tranquillement au comptoir et là, le jeune à la coiffure pas possible qui me servait d’interlocuteur me répond par une autre question assez rapide avec accent non tokyoïte n’ayant aucune pitié pour mon japonais basique et rouillé par la non pratique en condition réelle…….blocage, je sentais que je commençais à le gonfler car je n’allais pas assez vite ………petite satisfaction personnelle : « Oui ! Je viens de faire 10 000 bornes uniquement pour te casser les couilles jeune con, d’ailleurs c’est mon métier ! »
J’ai repris mon calme, il voulait seulement savoir si je voulais une carte à 1000 ou à 2000 Yens.
Un peu vexé par cette demi défaite linguistique je change de conbini pour la suite de mes achats, c’est donc dans le Family Mart en face du métro que j’achetais ma carte téléphonique locale et un nécessaire à couture en me faisant comprendre sans problème par une jeune vendeuse moins pressée et plus compréhensive.
Je suis sorti du conbini et je me suis précipité sur la première cabine venue. 1er coup de fil à ma femme : répondeur……….2eme à ma mère : répondeur aussi ……..les gens vous oublient vite, loin des yeux etc.…..
3eme coup de fil à Kyoko et là surprise (Je n’avais jamais entendu sa voix, ça fait douze ans que l’on s’écrit et la seule photo d’elle que j’avais datait du lycée, inconsciemment j’avais toujours l’image d’une gamine dans la tête) ce n’est pas une voix de gamine qui me répond mais une voix de femme. Elle était très contente de m avoir au téléphone (enfin une voix amical dans ce pays lointain) et me donne rendez vous devant mon hôtel à 16h00.
Deuxième choc quand je l’ai vu arriver, ce n’était pas une de ces petites pouffe japonaise que l’on voit dans les clips ou dans les rues de Tokyo mais la femme japonaise. J’ai eu aussi une confirmation de ce que je pensais, elle vient d’une grande famille assez friquée de Kyoto. Sa façon d’être, de parler, de s’habiller, de se mouvoir…..une grande éducation…..la classe.
D’un coup, je me suis senti con, moi le beauf tout droit sorti du 93, j’avais l’impression d’être un gamin….j’osais même pas la regarder quand je lui parlais tellement j’avais l’impression d’être un paysan en sa présence.
Par ses lettres et ses mails, je savais déjà que c’était une fille sympa, en réalité c’est vraiment quelqu’un de bien. Elle est restée très naturelle, elle a tout fait pour me mettre à l’aise. Elle m’a fait visiter le kaminarimon, m’a appris la signification de l’encens et les autres rituels autour du temple. Ensuite elle m’a emmené à Ginza, un quartier rempli de boutiques de luxe où elle va souvent et où elle connaissait un resto sympa.
Je ne voulais pas trop faire mon paysan mais devant les écrans géants de Ginza, je n’ai pas pu retenir un « Wow ! », j’était Harrison Ford dans Blade Runner, j’étais 50 ans dans le futur, j’étais un papillon de nuit attiré par la lumière.
Nous nous sommes perdus dans Ginza, elle m’a confié se perdre souvent dans Tokyo et n’être peut être pas le meilleur des guides.
Nous avons tout de même réussi à trouver le restaurant et j’y ai mangé les meilleurs sashimis au monde, le poisson fondait tout seul dans la bouche.
Elle m’a posé une question importante : Est-ce que j’aimais bien boire ?
Décidément, j’adorais ce pays !
Nous avons alors commandé un saké jeune en cours de fermentation avec des bulles comme un vin mousseux, je savais même pas que ça existait mais il était bon, la preuve, j’ai oublié le nom.
Nous avons parlé de Marie-cécile, de mon fils (Elle lui a acheté une maquette de Gundam ), de Beuverie dont elle aime beaucoup le concept, de mes amis, de mon boulot……..Je n’ai réalisé qu’après qu’elle m’avait posé plein de questions et qu’elle ne m’avait pas parlé d’elle.
Elle a profité de mon absence pendant 5 minutes pour payer l’addition……..1 à 0 j’avais perdu la première manche !
En sortant je lui ai demandé si on pouvait se revoir juste avant mon départ et elle m’a alors proposé de se téléphoner le mercredi soir pour se revoir le samedi avant mon retour et on s’est séparé vers 23H à la station de la ligne Toei Ginza line.
Bon, j’ai pris la ligne dans le sens inverse et je suis descendu à la station suivante pour chercher le moyen de prendre le metro dans l’autre sens ……..je me suis perdu quoi mais bon j’ai réussi à retourner à Asakusa. J’ai marché jusque minuit environ, side effect du jet lag, je sentais une sorte de déprime monter. Ma femme et mon fils me manquaient le décalage était si important que je ne réalisais pas trop ce qui se passait autours de moi, je n’étais pas bien.
Je suis entré dans un conbini juste pour le plaisir d’entrer en pleine nuit dans un magasin ouvert 24H/24. J’ai juste fait un tour des rayons sous l’œil interrogatif du vendeur avant de repartir vers mon hôtel traînant mon spleen le long de la sumida.
J’ai réglé mon réveil, je me suis allongé, fade to black, la nuit est passée comme un battement de cil.
3 Comments:
Salut mon Président!!
Quel plaisir d'enfin lirte tes aventures au pays du soleil levant!!
Je me suis jeté dessus dès que j'ai vu ton mail... j'attends la suite!!!
Un jour j'espère pouvoir dire "j'y étais! Avec mon Président!!"
bises
c'est bluffant,
j'ai l'impression de lire une histoire policière...avec une intrigue et bien sûr on a envie de lire la suite et le dénouement.....
Merci pour vos commentaires.
ça me fait chaud au coeur.
Je me met rapidement à la suite (avant d'oublier.....c'est pas beau de vieillir) et je vous préviens dès que c'est publié :D
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