~Contamination~GAIDEN : Le Z.H. font du ski/ Une histoire de Noël.
~Contamination~GAIDEN : Le Z.H. font du ski/ Une histoire de Noël.
(Cette histoire ne fait pas partie de la chronologie de ~Contamination~Z.H.. En Japonais, le terme « gaiden » signifie « histoire étrangère » ou « autre histoire ». Ce sont les mêmes personnages et le même contexte mais dans un espace temps différent. C’est un monde parallèle dans le monde de ~Contamination~. Il ne faut donc, en aucun cas chercher à l’inclure dans la continuité de Z.H..)
24 décembre : 21H58
-« Putain de merde de van à la con ! »
Mikael frappa le volant de son poing puis croisa ses bras avant d’y cacher son visage.
Stéphane, assis sur le siège passager, s’alluma une cigarette.
-« C’est pas la peine de jurer comme ça. C’est pas ça qui va la faire repartir. »
Après avoir calé plusieurs ois sur la route, le van venait peiner sur les cinq derniers kilomètres. Un long râle annonciateur acheva son agonie. Il s’était arrêté et refusait obstinément de répondre aux efforts vains de Mikael pour le redémarrer.
Olivier, Sébastien et Christophe sortirent de leur torpeur, cela faisait deux heures qu’ils somnolaient à l’arrière du véhicule. En tenue de travail, le masque à gaz à la ceinture, ils s’étaient recroquevillés pour tenter d’échapper au froid.
Olivier se leva et alla essuyer du revers de la main la vitre de la porte arrière Un paysage lunaire s’offrait à lui. L’obscurité tout autour, un épais tapis de neige et l’averse de flocons rougis par le clignotement des warnings.
Christophe se leva à son tour mais se dirigea vers la cabine.
-« Alors Mika, on fait quoi ? »
Mikael sorti la tête de ses bras et regarda ses collègues avec un air de dépit.
Dix minutes plus tard, les cinq hommes abandonnèrent le van au milieu de la route de campagne. Vêtus chaudement, lourdement équipés et armés surtout par soucis de ne rien laisser derrière eux, ils descendaient une colline enneigée. L’averse de neige, tout autour d’eux, les aveuglait et les trempait de la tête aux pieds. Ils marchaient vers des lumières en contrebas, espérant que cela soit bien un village.
A chaque pas qu’il faisait, chaque fois que ses rangers s’enfonçaient dans l’épaisse fraîcheur blanche, Mikael se promettait que, s’il revenait vivant, Il tuerai Mannesmann.
24 décembre 08H40
-« Ce n’est ni dans notre secteur, ni dans nos attributions ! »
La voix de Mikael avait été ferme. Mannesmann, derrière son bureau, n’avait pas l’air impressionné.
-« Je ne vois pas où est le problème, vous serez bien rémunéré. Je vous ai choisi, vous et vos hommes, car vous êtes de confiances et compétents. Ce n’est l’affaire que d’une journée, j’y serais bien allé moi-même mais j’ai un dîner important ce soir. »
-« Si, justement, il y a un problème, vous n’avez pas à vous servir de nous pour faire vos courses ! »
-« Ecoutez, j’ai l’opportunité d’obtenir dix caisses de champagne. Ces temps ci c’est une denrée extrêmement rare. Vous serez payé au tarif mission. Je ne peux faire confiance qu’en vous, il n y a qu’a vous que je puisse confier autant de liquide. C’est dans cette ville, tenez, voici l’adresse….je vous ai fait un plan. »
-« Les longs trajets en voiture sont dangereux, vous le savez……vous nous exploitez ! »
-« Bon, j’ai compris, que voulez vous ? »
-« Tarif mission plus cinq caisses »
Mannesmann perdit son calme.
-« Vous êtes un voleur ! …..Une caisse ! »
-« Deux caisses »
-« Très bien… »
24 décembre 22H00
Stéphane s’approcha de Mikael, il dégagea son visage, protégé du froid dans le col de son manteau.
-« Qu’est ce que tu disais ? »
-« Que j’allais tuer Mannesmann. »
-« Ha…..Il ne pouvait pas prévoir tout les barrages, détours et toutes ces routes définitivement bloquées. »
-« Il n’en a rien à foutre, il savait que le plan n’était pas conforme, sinon, il ne nous aurait jamais fait confiance, il serait parti tout seul ! »
Le vent soufflait de plus en plus fort, la pente de plus en plus abrupte, la neige semblait tomber horizontalement.
Les membres du Z.H. avaient remis leurs masques à gaz sur le visage pour se protéger du froid et de la neige piquante qui semblait prendre un malin plaisir à se jeter dans leurs yeux.
Ils avançaient lentement, lutant pour ne pas tomber. Au loin, les lumières s’étaient séparées en deux pôles : Le village toujours au fond d’une cuvette et ce qui semblait être un complexe plus lumineux au sommet d’une colline voisine.
La descente fut longue et pénible, une centaine de mètres avant les premières maisons, le groupe s’arrêta devant un panneau enneigé. Olivier s’en approcha et le dégagea :
« NAMSILAT ville basse »
-« C’est pas le village qu’on voulait, ça aurait été trop simple… »
A arrière du groupe, Sébastien sentit un poids sur son épaule. Il se retourna et vit, à quelques centimètres de son visage, l’énorme naseau d’un cheval. Surpris, il poussa un petit cri aigu et trébucha se retrouvant assis sur le sol enneigé. Tous se retournèrent.
Sur le cheval aux naseaux fumant, se tenait une forme humaine bien protégée du froid, le visage couvert d’une écharpe ne laissant qu’une fente pour les yeux entre elle et le bonnet de laine noir. Un lourd fusil de chasse était pointé vers le groupe.
Une voix de femme s’éleva :
-« Je peux savoir ce que vous faites là ? »
Christophe fut le premier à réagir :
-« A la base, on était partis pour chercher du champagne …. »
-« C’est au fusil d’assaut que vous le chassez votre champagne ? »
Mikael s’avança vers elle :
-« Madame.. »
Elle arma son fusil.
-« Mademoiselle ! »
-« Mademoiselle, Pardon. Voila, nous sommes une entreprise d’éradication de morts vivants (Il sortit lentement une carte de visite au nom de son entreprise et la tendit à la cavalière.) et nous nous sommes perdu en allant faire une course pour notre patron. »
Elle examina un instant le petit carton blanc.
-« Passez devant, avec votre troupe. »
Ils entrèrent ainsi tous dans le village.
24 décembre 22H20
Les cinq hommes se réchauffaient au coin du feu. Dix minutes avant, ils avaient été « largués » par la cavalière à l’entrée de cette luxueuse auberge. Un ancien manoir associé à un corps de ferme reconverti dans la restauration certainement avant la crise. Dans la salle principale, de nombreuses tables étaient dressées comme si le restaurant attendait de nombreux clients. Des décorations de noël coloraient de façons excessives le lieu presque désert. Autour de la cheminée, les membres du Z.H. sirotaient un cognac, assis à la table la plus proche de l’âtre, jetant de temps en temps un regard à la maîtresse des lieux. Une grande asiatique, très fine dans sa robe bleue turquoise, essuyait des verres derrière le bar.
Christophe finit son verre en premier.
-« Et maintenant ? »
Mikael posa le sien sur la table.
-« Tant que la tempête durera, on ne pourra rien faire. J’espère seulement qu’on pourra trouver un moyen de transport pour retourner sur Paris. »
Christophe se retourna vers l’asiatique qui vérifiait alors le canon d’un fusil de chasse.
-« Moi, je me plais bien ici. »
La porte d’entrée s’ouvrit, laissant pénétrer un vent glacial et faisant sursauter les cinq hommes. Entra alors une jeune femme qui déposa son manteau et son bonnet noir sur le premier dossier de chaise à sa portée. Elle s’adressa à l’asiatique :
-« ça va Mana ? Ils ne t’on pas embêté ? »
Sa seule réponse fut un timide sourire.
Mikael reconnu la voix de la cavalière dont il n’avait, jusque là, pas vu le visage.
-« Vous n’avez pas eu peur de laisser votre amie seule avec nous ? »
-« Elle sait se défendre, il fallait bien que je rentre Emeraude à l’écurie. (Elle s’approcha de leur table) Moi, c’est Anne, maintenant que les présentations sont faites, l’un de vous aurait il une cigarette ? »
Stéphane lui tendit son paquet de Philip morris. Elle l’alluma et alla s’asseoir près d’eux.
-« Merci, ça fait deux semaines qu’on a pas vu une sèche dans le coin. »
Stéphane fronça les sourcils et se pencha vers Mikael.
-« Faut pas qu’on reste ici, il faut absolument qu’on trouve un moyen de revenir à Paris. »
Mana vint les rejoindre, un grand verre de cognac à la main pour la dernière arrivée. Elle se pencha sur la table du groupe et posa le verre devant Anne.
-« (A l’assemblée.) Pour continuer, qu’est ce que je vous sers ? »
Christophe releva la tête comme par réflexe.
-« J’ai bien une idée… »
Stéphane lui écrasa doucement le pied sous la table.
-« Je crois qu’on va reprendre un cognac…..s’il vous plait. »
Mikael se manifesta.
-« Oui….et je pense que nous allons rester pour la nuit (Il s’adressa alors à Anne.) Notre van est tombé en panne sur la route en haut de la colline. J’espère le récupérer demain matin et essayer de le réparer, il y a des mécaniciens dans votre village ? »
Anne eu un sourire.
-« Il n’y a plus grand-chose ici. Sérieusement, vous alliez où comme ça ? »
Mikael sortit le plan de Mannesmann. Elle éclata de rire en le voyant.
-« Vous êtes pas tombés loin, mais il n y a plus rien là-bas. J’y achetais mes cigarettes au marché noir à un campement de gitans. Ils vendaient de tout, ils avaient certainement la marchandise de votre patron. Quand j’y suis allé, il y a cinq jours, il n’y avait plus rien, tout avait brûlé. Je ne sais pas ce qui s’est passé… »
Mikael grommela.
-« Je vais le buter, là c’est sur, je vais le buter. »
Anne ne l’entendit pas. Stéphane alluma, à son tour, une cigarette.
-« Vous êtes nombreux à vivre ici ? »
-« Non, il ne reste plus grand monde. Avec les événements, les zones rurales sont désertées. Ici, il y avait surtout les familles de l’encadrement, de la gestion et de la direction de la maison d’arrêt. »
Sébastien abandonna son verre un instant.
-« Il y a une prison dans le coin ? »
-« Oui, au dessus du village, ils l’ont construite à la place de la ville haute. Au départ, il y avait pas mal de monde qui y travaillait. Maintenant, ils sont en sous effectifs et il y a souvent des émeutes. Quand je vous ai vu, j’ai hésité entre des pillards et des prisonniers en fuite, c’est pour ça que l’accueil fut un peu brusque. (Elle but un peu de son cognac.) On vit tout de même tranquillement ici, on est un peu isolé mais ce n’est pas plus mal. Même si nous sommes peu dans le village, nous nous entraidons. »
Au fond de la salle, Mana déposa un vinyle sur un vieux phonographe. « White Christmas » démarra sur un fond de crachotement. Elle s’adressa à ses invités.
-« Si vous voulez bien me suivre, je vais vous montrer vos chambres. »
24 décembre 22H50
Chaque homme du Z.H. avait une chambre confortable à l’étage situé au dessus de la salle de restauration. Mikael se prélassait dans son bain, Christophe tournait en vain les boutons d’une vieille télé, Olivier et Sébastien s’était retrouvés pour jouer aux cartes et Stéphane regardait par la fenêtre en direction de la prison. La tempête s’était arrêtée, le ciel était noir comme de l’encre. La prison lui semblait plus lumineuse qu’à leur arrivée au village, il ne saurait dire pourquoi.
Il s’allongea sur le lit tout habillé et se laissa sombrer dans le sommeil. On frappa à sa porte, il se réveilla en sursaut, son cœur battait très vite. Il ouvrit la porte et tomba nez à nez avec une petite vieille vêtue tout en noir dans une grande robe habillée qui n’était pas de première fraîcheur. Il chercha machinalement la crosse de son arme, habituellement glissée dans sa ceinture à arrière de son pantalon. Il ne savait pas vraiment si la créature qui était en face de lui respirait encore.
Elle parla alors avec une voix rauque.
-« Pardon monsieur, je me suis trompée de chambre…… (Ses yeux roulèrent dans ses orbites et ses pupilles disparurent sous ses paupières supérieures.) ……..Dans une autre vie… (Elle semblait en transe.)…Vous…Vous ne fumez plus, vous et vos compagnons êtes amis depuis de nombreuses années…Vous êtes le président de… (Elle repris son souffle et un air à peu près normal.)…oui…me suis trompé de chambre, pardon…bonsoir… »
Un souffle glacé parcouru l’échine de Stéphane
Christophe trouva, dans le meuble en bois sur lequel reposait la télévision, une pile de cassettes vidéos et un magnétoscope. Au milieu des films enregistrés, une bande ne portait pas d’étiquette. Il la plaça dans le lecteur, après la neige vidéo, vint une image floue de caméscope. On pouvait y voir la salle principale du manoir remplie de monde, tous attablés face à des assiettes bien remplies. Au centre d’une grande table, Mana trônait en robe de mariée, le sourire éclatant, des étoiles scintillait dans ses grands yeux, elle irradiait de bonheur. Elle ressemblait à une adolescente. A sa gauche, un eurasien en smoking avait dans les yeux ce mélange de bonheur et de fierté qu’on les hommes le jour de leur mariage. Christophe arrêta la vidéo, ces instants ne lui appartenaient pas. Il eu soudain l’envie de boire.
Mikael venait de sortir de son bain, une serviette autour de sa taille, il s’essuyait les cheveux avec une autre qui traînait sur le lavabo. Quand il releva la tête vers le miroir, il sursauta. Dans le reflet, il vit, assise sur son lit, une petite fille en robe et chapeau blanc. Penchée en avant, le large rebord de sa coiffe empêchait de voir son visage. Ses petites mains, posées sur ses genoux, étaient aussi blanches que ses vêtements. Mikael se retourna immédiatement. Il n’y avait personne dans la pièce. Son sang se figea dans ses veines. Il rassembla ses vêtements. Il avait besoin de voir du monde.
Cela faisait quatre fois qu’Olivier battait Sébastien au poker. Olivier leva les bras pour s’étirer et s’arrêta dans son mouvement. Il se leva et sembla chercher d’où provenait un bruit aigu dans le lointain. Quelque chose comme des pleurs. Il se leva et alla ouvrir la fenêtre. Au loin, un cheval hennissait de façon lugubre. Il se retourna vers Sébastien
-« Bon, on va aller jouer en bas. »
24 décembre 23H20
Stéphane fut le premier arrivé dans la grande salle. Le phonographe diffusait « Silent night » et Mana accompagnait Anne au bar, l’une en face de l’autre buvaient du Porto.
-« Je peux me joindre à vous ? »
Mana désigna un tabouret à coté de celui d’Anne et lui servit un verre.
Il observa le bar et les photos sur le mur derrière Mana, ses yeux s’arrêtèrent sur la photo d’un homme d’environ trente cinq ans.
Mana suivit son regard.
-« Chis Yukigami, c’était mon mari, le propriétaire de ces lieux. Ça fait maintenant un an qu’il est mort. »
-« Je suis désolé pour vous, je veux dire, ce n’est déjà pas facile…..enfin, surtout en ce moment. »
Elle avala son verre d’un trait. Sa voix resta très douce.
-« Oui, je comprends ce que vous voulez dire. Isolés comme nous le sommes. On pensait que tout ce qu’on voyait à la télévision ne se passait qu’en ville, que les journalistes en rajoutaient. Et puis, un soir, il est rentré gravement blessé, il avait été attaqué par un groupe de créatures alors qu’il se promenait en dehors du village. Il était très mal en point. C’est Anne qui l’a raccompagné jusqu’au manoir, elle a compris la situation plus rapidement que moi, c’est elle qui m’a rapporté ce fusil. Elle est restée tout le temps à mes cotés………C’est moi qui ai tiré sur le cadavre de mon mari quand il a commencé à remuer sur son lit de mort. »
-« Vous n’aviez pas à me raconter tout ça. »
-« Si…ça me fait du bien. »
Anne vida son verre.
-« Bon, c’est Noël ce soir, on va éviter de se plomber la soirée. »
Mana et Stéphane acquiescèrent et se servirent un nouveau verre de Porto.
-« Au fait, il y a une petite vieille qui a frappé à ma porte, c’est normal ? »
Anne avala une gorgée.
-« Ah ! ça, ça doit être la vieille, elle traîne partout dans le village, c’est une ancienne medium, faut pas faire attention à elle, elle est un peu sénile. »
Les quatre membres restant du Z.H. entrèrent dans la salle, Christophe en tête.
-« Vous faites la fête sans nous ? C’est quoi ce bordel ? …Pardon mesdames… »
Mana les invita, d’un geste de la main, à s’installer au bar. Christophe passa derrière le comptoir pour s’installer à coté de la jeune asiatique. Elle le regarda d’un air amusé.
« Christmas Eve » brisa le Léger silence.
Mikael, après avoir reçu son verre, lança timidement la conversation.
-« Il y a des choses bizarre qui arrivent parfois chez vous ? »
Personne ne sembla le comprendre sauf Mana qui finissait de remplir le verre de Christophe.
-« Vous voulez dire à part le fait que les morts ressuscitent ? …Dans cette demeure, il y a eu beaucoup de joie, de peine. Des émotions fortes ont imprégnées les murs de cette maison. Cette maison est comme nous tous, elle a parfois besoin de se confier à quelqu’un. Mais ne vous en faite pas, cela n’a jamais fait de mal à personne. »
Un important bruit de moteur se fit entendre à l’extérieur. Mikael tendis l’oreille.
-« C’est un hélicoptère…Qu’est ce qu’il fait dans le coin ? »
Anne se tourna vers lui.
-« Il doit se passer quelque chose au niveau de la prison. C’est la seule chose digne d’intérêt dans le coin. »
Christophe posa la main sur le bras de Mana.
-« Vous n’avez pas un moyen d’entendre les média, la télévision de ma chambre ne marchait pas mais vous n’avez pas de quoi capter une radio locale ? »
-« Non, euh,….attendez, mon mari aimait bien écouter la radio quand il entretenait sa collection. Oui, je crois bien qu’il y a une radio dans le hangar. »
24 décembre 23H50
Les sept personnes couvertes et armées traversèrent la grande cour derrière le manoir pour accéder à un immense hangar. Mikael se retourna pour regarder le haut de la colline. A coté des lumières de la prison, une foule de gyrophares inondait le sommet de leurs lumières bleues. Il se passait bien quelque chose là-haut.
-« Il collectionnait quoi votre mari ? »
Mana tira la grande porte coulissante.
-« Il était cinéphile et téléphage. Il achetait aux ventes aux enchères des costumes, des véhicules et des accessoires de films et de séries. »
Les cinq hommes furent subjugués sous les regards amusés d’Anne et de Mana. Cette dernière s’improvisa guide.
-« Dans les grandes armoires, ce sont les costumes de différents films et autres westerns. Là ce sont les sabres des « sept Samurais » de Kurosawa, ce sont de vrais sabres utilisés pour les plans rapprochés. Bien sur, lors des scènes de combat, ils utilisaient des reproductions. Là, ce sont les cinq motos Honda qui ont servis pour la série « Kamen rider black RX » et là ce sont les armures de la série « Chojin Sentai Jetman »… »
Mikael écarquilla les yeux devant une grande camionnette noir et rouge.
-« Ce n’est tout de même pas ?... »
Elle reprit.
-« Oui, c’est bien la camionnette General Motors Company de « The A-TEAM », ou, si vous préférez : « L’agence tout risque. ». Il en était très fier, ce fut sa dernière acquisition….Ah, je crois que j’ai trouvé son poste de radio. »
25 décembre 00H00
Une fois que tout le monde fut rentré dans la grande salle, Mana arrêta le phonographe qui diffusait « Angels we have heard on high » et brancha le radio cassette de son mari. Elle chercha une station.
Christophe alla se servir un verre de martini et lança un timide.
-« Bon, bah, joyeux noël à tous… »
Stéphane sourit et voulu lui répondre quand une voix se fit entendre dans le poste.
-« …oui, ici la situation est toujours tendue, je vous rappelle qu’un groupe terroriste liés à la secte apocalyptique « Les chevaliers divins » a pris en otage la direction de la prison de NAMSILAT. Ils réclament la libération de quatre de leurs leaders……Ils ont lancés un ultimatum, ils prétendent avoir introduis plusieurs barils de VX, un gaz toxique ayant des effets proches du Sarin ainsi que des explosifs. Cet ultimatum était censé prendre fin à minuit mais nous attendons toujours la réponse du ministère de l’intérieur qui… »
Une immense explosion se fit entendre à l’extérieur. La radio continua d’émettre un instant.
-« Je crois percevoir comme une agitation autour…. (La radio devint silencieuse.). »
Les sept personnes se dirigèrent ensemble vers la fenêtre. Autour de la prison, il n’y avait plus de lumière électrique, uniquement des flammes éclairant un épais brouillard de gaz blanc.
Anne secoua la tête.
-« Une chance pour nous, le vent ne souffle pas dans notre direction. »
Mikael tapota nerveusement la vitre.
-« De ce coté de la prison, ça descend vers le village, ok ? Mais de l’autre coté, il y a quoi ? »
-« Une forêt, mais son accès est complètement grillagé afin de décourager d’éventuels fugitifs de s’y cacher. »
-« J’imagine que, de là-haut, on voit aisément les lumières du village…Bon, il faut qu’on se prépare à faire évacuer le village. Tout le monde a un véhicule j’espère ? »
-« Non, ce n’est pas possible, il y a surtout beaucoup de personnes âgées, incapables de partir dans l’urgence. De plus, avec la tempête, les routes ne seront pas praticables avant demain. Vous pouvez me dire où est le problème ? »
Stéphane fronça le nez.
-« Vu le type de nuage au dessus de la prison, c’était bien du VX, c'est-à-dire que là-haut, tout le monde est mort. Avec la configuration géographique actuelle, le zombi, il va pas se faire chier, il va voir la lumière du village alors il va gentiment se laisser descendre la colline. Dans moins d’une heure, le village sera infesté de cadavres ambulants. »
Christophe prit Mana par les épaules.
-« Ne vous inquiétez pas, nous sommes des professionnels, on va vous protéger »
Olivier réfléchit un instant.
-« Il faudrait qu’on les bloque dés leur arrivée en bas de la colline, s’ils se dispersent dans le village, c’est foutu. Pour ça, il faut qu’on puisse se déplacer rapidement. Elles fonctionnent vos motos ? »
Mana fit oui de la tête.
Sébastien se plaça près d’elle.
-« Pour faire de la moto, il nous faudrait des vêtements chauds mais qui soit moins épais que nos uniformes pour ne pas gêner nos mouvements. Il faudrait aussi que nous ayons des armes blanches car les combats vont être très rapprochés. On peut emprunter les sabres de votre mari ? »
Mana acquiesça.
Stéphane reprit de plus belle.
-« Oui, et comme nous sommes cinq, pour former une vrai équipe, on devrait porter les costumes Sentai de Jetman…enfin, moi je dis ça…je m’emballe peut être un peu. »
Un silence, des sourires gênés. Mikael tapota le dos de son ami.
-« T’inquiètes pas, on est tous crevé, il est tard…..Allez, on va se mettre au boulot, on a plus trop le temps là… »
25 décembre 00H45
Mikael, Christophe, Sébastien et Olivier sortirent du hangar sur leurs Hondas.
Des grands manteaux de cuir et des stetsons ayant servis dans un des films de Sergio Leone leurs servaient d’uniformes. Tels quatre cow-boys modernes, ils étaient forts et fiers sur leurs motos. Ils avaient fixés leurs fusils d’assaut sur l’avant de leurs véhicules et une lanière de cuir maintenait leurs sabres de samurai dans le dos.
Mikael releva le bord avant de son chapeau avec son index et se tourna vers le hangar.
-«Stéphane, tu sort ? »
Son ami sorti lentement, tête baissée.
-« ça va, ça va, j’arrive. »
-« Mana a dit qu’elle était désolé mais elle n’avait que ça à ta taille. »
-« Je sais, je sais. »
-« Euh, pourquoi tu as mis aussi la barbe ? »
-« ça me tient chaud au visage. »
-« Bon, tu sais, c’est quand même celui que portait Dan Akroyd dans « Un fauteuil pour deux ». »
-« Super… »
Stéphane était équipé comme ses collègues à la différence près qu'il portait un manteau de Père Noël. Mikael lui ouvrit la voie.
-« Vu comment t’es habillé, c’est ton soir alors passe devant.. »
Stéphane s’alluma une cigarette et lança son paquet à Anne. Cette dernière, montée sur Emeraude, s’alluma aussi une cigarette et coinça le paquet sous une de ses cartouchières. Le fusil en main, il était convenu qu’elle devait abattre tout zombi qui échapperait aux cinq mercenaires.
25 décembre 00H55
Ils partirent en formation en V dans la rue principale du village. Le père Noël en tête, la barbe au vent et la clope au bec. Derrière eux, on pouvait entendre le galop d’Emeraude. Avant d’arriver au pied de la colline, ils virent déjà les premiers morts vivants qui finissaient de dégringoler. Stéphane pensa à ce moment là :
-« Mon Dieu, ils sont plus d’une centaine ! »
De loin, ils envoyèrent la première rafale pour éliminer au plus vite les premiers arrivés.
Des zombis en uniforme de policier, d’autres en détenus et quelques journalistes en costume. Certains à moitié brûlés, d’autres abîmés par l’explosion et certains juste empoisonnés par le VX.
Les premiers tirs de fusils d’assaut firent exploser les crânes de ceux qui étaient isolés. Au loin, on entendait le fusil d’Anne et les hennissements d’Emeraude.
Puis vint le flot de cadavre compact dont la clameur couvrait le bruit des motos. Les cinq Z.Hunters empoignèrent leurs sabres dans un unique geste presque chorégraphié. Ils poussèrent un hurlement guerrier et foncèrent dans le tas en brandissant leurs Katanas.
La neige devint rouge sous leurs pieds. Des têtes volèrent, des yeux furent crevé et des crânes furent fendu à leurs bases. Le sang giclait dans tout les sens, aveuglant les cinq guerriers.
Au loin, ce n’était plus un mais deux fusils qu’on entendait. Christophe releva la tête et constata que Mana s’était posté sur le toit d’une maison voisine. Ses long cheveux flottant dans le vent, elle faisait exploser le plus de crâne possible.
Le combat sembla durer une éternité, à chaque zombi tué, une dizaine d’autres semblait descendre de cette fichu colline. Ce n’était pas tant le combat qui était fatiguant, c’était l’attention constamment maintenue pour éviter de se faire mordre. Des qu’il se sentaient débordé, ils devaient s’éloigner du groupe de zombi et revenir à la charge au sabre, sur la moto, encore et encore. Jusqu’à ce qu’il n’y ai plus d’adversaire.
25 décembre 04H38
La bataille fut épique. Anne du même laisser Emeraude en arrière pour aider le Z.H. de quelques coups de machette bienvenus. Mana pouvant très bien seule éviter les débordements.
Quand le dernier zombi descendit la colline, c’est le Père Noël en personne qui lui offrit le repos éternel, il était presque cinq heures du matin.
Ils allèrent en moto jusqu’à la prison pour s’assurer que plus personne ne descendrait. Ils ne trouvèrent que des ruines désertes à la place de qu’était la prison de NAMSILAT.
Ils virent au loin, sur la route, les premiers camions de l’armée qui arrivaient. Les routes étaient de nouveau praticables, la cavalerie arrivait, trop tard, comme dans les mauvais westerns.
Mikael alla voir Anne qui fumait une cigarette à coté de sa monture et lui désigna le tas de cadavre.
-« L’armée a réussi à arriver jusqu’à la prison, je pense qu’ils vont au moins pouvoir vous débarrasser de tout ça. »
A 06H00, ils rentrèrent au manoir, se lavèrent et sombrèrent dans un sommeil de plomb. Mikael crut entendre le rire lointain d’une petite fille mais il était trop fatigué pour s’en inquiéter.
25 décembre 14H00
Les hommes du Z.H. se retrouvèrent dans la salle principale du manoir. Ils déjeunèrent avec Mana et Anne. Ce fut une succession de discussions et d’éclats de rire. On pouvait lire la joie dans les yeux de Mana, Christophe crut même y voir, un instant, le scintillement qu’elle avait à son mariage. Tous ressentaient un bonheur intense, la joie d’être en vie après cette nuit. Un déjeuner entre amis un jour de Noël, loin du quotidien, loin des morts vivants, loin de Paris, loin du Z.H., loin de Mannesmann…
-« Oh putain Mannesmann !! »
Mikael venait de penser tout haut et assez fort d’ailleurs.
Stéphane l’interpella.
-« Quoi Mannesmann ? »
-« Non seulement on ne lui a pas ramené son champagne mais en plus on a laissé le van au milieu de la route et comme le convoi militaire devait passer, ils l’on certainement renversé sur le bas-côté. »
Mana interrompit leur conversation.
-« Il y avait des choses de valeur dans votre van ? »
-« Non, plus rien, on a embarqué tout le matériel sur nous. C’est pour ça qu’on était si chargés quand Anne a voulu nous abattre. »
-« Et bien votre van est devant la porte avec le plein. »
Les cinq hommes se regardèrent incrédules pendant un court instant.
Quand ils sortirent du manoir après le repas, ils trouvèrent à leur disposition une superbe camionnette General Motors Company noir et rouge. Mana donna le trousseau de clef à Mikael.
-« C’est mon cadeau de Noël pour vous remercier de ce que vous avez fait cette nuit. »
-« Merci, merci beaucoup…..Je n’arrive pas à croire qu’on va rentrer chez nous avec la camionnette de « l’agence tout risque »… »
Ils se saluèrent tous. Stéphane offrit une cartouche de cigarette à Anne en lui disant que de toute façon, il allait arrêter, puis il s’approcha de Mana.
-« Mana san, kono sekai wa warui yume dake da. Ganbatte ne. »
-« Hai, wakatta. Doumo. »
Ils se firent tous la promesse de se revoir des la fin de la crise car de toute façon, cette invasion de morts vivants ne pouvait bien sur pas durer et que tout cela allait s’arrêter très prochainement. Christophe demanda à Stéphane ce qu’il avait dit à Mana, ce dernier répondit que ce n’était que des formules de politesse sans importance.
25 décembre 20H00
La camionnette noir et rouge entra enfin dans Paris. Stéphane tirait une dernière bouffée sur sa Philip Morris et s’adressa à Mikael.
-« Avec tout ça on a pas fait de ski. »
-« Qu’est ce que tu racontes, c’est quoi cette histoire de ski ? »
-« Non, rien, juste une idée comme ça…. »
JOYEUX NOËL A TOUS.
(Cette histoire ne fait pas partie de la chronologie de ~Contamination~Z.H.. En Japonais, le terme « gaiden » signifie « histoire étrangère » ou « autre histoire ». Ce sont les mêmes personnages et le même contexte mais dans un espace temps différent. C’est un monde parallèle dans le monde de ~Contamination~. Il ne faut donc, en aucun cas chercher à l’inclure dans la continuité de Z.H..)
24 décembre : 21H58
-« Putain de merde de van à la con ! »
Mikael frappa le volant de son poing puis croisa ses bras avant d’y cacher son visage.
Stéphane, assis sur le siège passager, s’alluma une cigarette.
-« C’est pas la peine de jurer comme ça. C’est pas ça qui va la faire repartir. »
Après avoir calé plusieurs ois sur la route, le van venait peiner sur les cinq derniers kilomètres. Un long râle annonciateur acheva son agonie. Il s’était arrêté et refusait obstinément de répondre aux efforts vains de Mikael pour le redémarrer.
Olivier, Sébastien et Christophe sortirent de leur torpeur, cela faisait deux heures qu’ils somnolaient à l’arrière du véhicule. En tenue de travail, le masque à gaz à la ceinture, ils s’étaient recroquevillés pour tenter d’échapper au froid.
Olivier se leva et alla essuyer du revers de la main la vitre de la porte arrière Un paysage lunaire s’offrait à lui. L’obscurité tout autour, un épais tapis de neige et l’averse de flocons rougis par le clignotement des warnings.
Christophe se leva à son tour mais se dirigea vers la cabine.
-« Alors Mika, on fait quoi ? »
Mikael sorti la tête de ses bras et regarda ses collègues avec un air de dépit.
Dix minutes plus tard, les cinq hommes abandonnèrent le van au milieu de la route de campagne. Vêtus chaudement, lourdement équipés et armés surtout par soucis de ne rien laisser derrière eux, ils descendaient une colline enneigée. L’averse de neige, tout autour d’eux, les aveuglait et les trempait de la tête aux pieds. Ils marchaient vers des lumières en contrebas, espérant que cela soit bien un village.
A chaque pas qu’il faisait, chaque fois que ses rangers s’enfonçaient dans l’épaisse fraîcheur blanche, Mikael se promettait que, s’il revenait vivant, Il tuerai Mannesmann.
24 décembre 08H40
-« Ce n’est ni dans notre secteur, ni dans nos attributions ! »
La voix de Mikael avait été ferme. Mannesmann, derrière son bureau, n’avait pas l’air impressionné.
-« Je ne vois pas où est le problème, vous serez bien rémunéré. Je vous ai choisi, vous et vos hommes, car vous êtes de confiances et compétents. Ce n’est l’affaire que d’une journée, j’y serais bien allé moi-même mais j’ai un dîner important ce soir. »
-« Si, justement, il y a un problème, vous n’avez pas à vous servir de nous pour faire vos courses ! »
-« Ecoutez, j’ai l’opportunité d’obtenir dix caisses de champagne. Ces temps ci c’est une denrée extrêmement rare. Vous serez payé au tarif mission. Je ne peux faire confiance qu’en vous, il n y a qu’a vous que je puisse confier autant de liquide. C’est dans cette ville, tenez, voici l’adresse….je vous ai fait un plan. »
-« Les longs trajets en voiture sont dangereux, vous le savez……vous nous exploitez ! »
-« Bon, j’ai compris, que voulez vous ? »
-« Tarif mission plus cinq caisses »
Mannesmann perdit son calme.
-« Vous êtes un voleur ! …..Une caisse ! »
-« Deux caisses »
-« Très bien… »
24 décembre 22H00
Stéphane s’approcha de Mikael, il dégagea son visage, protégé du froid dans le col de son manteau.
-« Qu’est ce que tu disais ? »
-« Que j’allais tuer Mannesmann. »
-« Ha…..Il ne pouvait pas prévoir tout les barrages, détours et toutes ces routes définitivement bloquées. »
-« Il n’en a rien à foutre, il savait que le plan n’était pas conforme, sinon, il ne nous aurait jamais fait confiance, il serait parti tout seul ! »
Le vent soufflait de plus en plus fort, la pente de plus en plus abrupte, la neige semblait tomber horizontalement.
Les membres du Z.H. avaient remis leurs masques à gaz sur le visage pour se protéger du froid et de la neige piquante qui semblait prendre un malin plaisir à se jeter dans leurs yeux.
Ils avançaient lentement, lutant pour ne pas tomber. Au loin, les lumières s’étaient séparées en deux pôles : Le village toujours au fond d’une cuvette et ce qui semblait être un complexe plus lumineux au sommet d’une colline voisine.
La descente fut longue et pénible, une centaine de mètres avant les premières maisons, le groupe s’arrêta devant un panneau enneigé. Olivier s’en approcha et le dégagea :
« NAMSILAT ville basse »
-« C’est pas le village qu’on voulait, ça aurait été trop simple… »
A arrière du groupe, Sébastien sentit un poids sur son épaule. Il se retourna et vit, à quelques centimètres de son visage, l’énorme naseau d’un cheval. Surpris, il poussa un petit cri aigu et trébucha se retrouvant assis sur le sol enneigé. Tous se retournèrent.
Sur le cheval aux naseaux fumant, se tenait une forme humaine bien protégée du froid, le visage couvert d’une écharpe ne laissant qu’une fente pour les yeux entre elle et le bonnet de laine noir. Un lourd fusil de chasse était pointé vers le groupe.
Une voix de femme s’éleva :
-« Je peux savoir ce que vous faites là ? »
Christophe fut le premier à réagir :
-« A la base, on était partis pour chercher du champagne …. »
-« C’est au fusil d’assaut que vous le chassez votre champagne ? »
Mikael s’avança vers elle :
-« Madame.. »
Elle arma son fusil.
-« Mademoiselle ! »
-« Mademoiselle, Pardon. Voila, nous sommes une entreprise d’éradication de morts vivants (Il sortit lentement une carte de visite au nom de son entreprise et la tendit à la cavalière.) et nous nous sommes perdu en allant faire une course pour notre patron. »
Elle examina un instant le petit carton blanc.
-« Passez devant, avec votre troupe. »
Ils entrèrent ainsi tous dans le village.
24 décembre 22H20
Les cinq hommes se réchauffaient au coin du feu. Dix minutes avant, ils avaient été « largués » par la cavalière à l’entrée de cette luxueuse auberge. Un ancien manoir associé à un corps de ferme reconverti dans la restauration certainement avant la crise. Dans la salle principale, de nombreuses tables étaient dressées comme si le restaurant attendait de nombreux clients. Des décorations de noël coloraient de façons excessives le lieu presque désert. Autour de la cheminée, les membres du Z.H. sirotaient un cognac, assis à la table la plus proche de l’âtre, jetant de temps en temps un regard à la maîtresse des lieux. Une grande asiatique, très fine dans sa robe bleue turquoise, essuyait des verres derrière le bar.
Christophe finit son verre en premier.
-« Et maintenant ? »
Mikael posa le sien sur la table.
-« Tant que la tempête durera, on ne pourra rien faire. J’espère seulement qu’on pourra trouver un moyen de transport pour retourner sur Paris. »
Christophe se retourna vers l’asiatique qui vérifiait alors le canon d’un fusil de chasse.
-« Moi, je me plais bien ici. »
La porte d’entrée s’ouvrit, laissant pénétrer un vent glacial et faisant sursauter les cinq hommes. Entra alors une jeune femme qui déposa son manteau et son bonnet noir sur le premier dossier de chaise à sa portée. Elle s’adressa à l’asiatique :
-« ça va Mana ? Ils ne t’on pas embêté ? »
Sa seule réponse fut un timide sourire.
Mikael reconnu la voix de la cavalière dont il n’avait, jusque là, pas vu le visage.
-« Vous n’avez pas eu peur de laisser votre amie seule avec nous ? »
-« Elle sait se défendre, il fallait bien que je rentre Emeraude à l’écurie. (Elle s’approcha de leur table) Moi, c’est Anne, maintenant que les présentations sont faites, l’un de vous aurait il une cigarette ? »
Stéphane lui tendit son paquet de Philip morris. Elle l’alluma et alla s’asseoir près d’eux.
-« Merci, ça fait deux semaines qu’on a pas vu une sèche dans le coin. »
Stéphane fronça les sourcils et se pencha vers Mikael.
-« Faut pas qu’on reste ici, il faut absolument qu’on trouve un moyen de revenir à Paris. »
Mana vint les rejoindre, un grand verre de cognac à la main pour la dernière arrivée. Elle se pencha sur la table du groupe et posa le verre devant Anne.
-« (A l’assemblée.) Pour continuer, qu’est ce que je vous sers ? »
Christophe releva la tête comme par réflexe.
-« J’ai bien une idée… »
Stéphane lui écrasa doucement le pied sous la table.
-« Je crois qu’on va reprendre un cognac…..s’il vous plait. »
Mikael se manifesta.
-« Oui….et je pense que nous allons rester pour la nuit (Il s’adressa alors à Anne.) Notre van est tombé en panne sur la route en haut de la colline. J’espère le récupérer demain matin et essayer de le réparer, il y a des mécaniciens dans votre village ? »
Anne eu un sourire.
-« Il n’y a plus grand-chose ici. Sérieusement, vous alliez où comme ça ? »
Mikael sortit le plan de Mannesmann. Elle éclata de rire en le voyant.
-« Vous êtes pas tombés loin, mais il n y a plus rien là-bas. J’y achetais mes cigarettes au marché noir à un campement de gitans. Ils vendaient de tout, ils avaient certainement la marchandise de votre patron. Quand j’y suis allé, il y a cinq jours, il n’y avait plus rien, tout avait brûlé. Je ne sais pas ce qui s’est passé… »
Mikael grommela.
-« Je vais le buter, là c’est sur, je vais le buter. »
Anne ne l’entendit pas. Stéphane alluma, à son tour, une cigarette.
-« Vous êtes nombreux à vivre ici ? »
-« Non, il ne reste plus grand monde. Avec les événements, les zones rurales sont désertées. Ici, il y avait surtout les familles de l’encadrement, de la gestion et de la direction de la maison d’arrêt. »
Sébastien abandonna son verre un instant.
-« Il y a une prison dans le coin ? »
-« Oui, au dessus du village, ils l’ont construite à la place de la ville haute. Au départ, il y avait pas mal de monde qui y travaillait. Maintenant, ils sont en sous effectifs et il y a souvent des émeutes. Quand je vous ai vu, j’ai hésité entre des pillards et des prisonniers en fuite, c’est pour ça que l’accueil fut un peu brusque. (Elle but un peu de son cognac.) On vit tout de même tranquillement ici, on est un peu isolé mais ce n’est pas plus mal. Même si nous sommes peu dans le village, nous nous entraidons. »
Au fond de la salle, Mana déposa un vinyle sur un vieux phonographe. « White Christmas » démarra sur un fond de crachotement. Elle s’adressa à ses invités.
-« Si vous voulez bien me suivre, je vais vous montrer vos chambres. »
24 décembre 22H50
Chaque homme du Z.H. avait une chambre confortable à l’étage situé au dessus de la salle de restauration. Mikael se prélassait dans son bain, Christophe tournait en vain les boutons d’une vieille télé, Olivier et Sébastien s’était retrouvés pour jouer aux cartes et Stéphane regardait par la fenêtre en direction de la prison. La tempête s’était arrêtée, le ciel était noir comme de l’encre. La prison lui semblait plus lumineuse qu’à leur arrivée au village, il ne saurait dire pourquoi.
Il s’allongea sur le lit tout habillé et se laissa sombrer dans le sommeil. On frappa à sa porte, il se réveilla en sursaut, son cœur battait très vite. Il ouvrit la porte et tomba nez à nez avec une petite vieille vêtue tout en noir dans une grande robe habillée qui n’était pas de première fraîcheur. Il chercha machinalement la crosse de son arme, habituellement glissée dans sa ceinture à arrière de son pantalon. Il ne savait pas vraiment si la créature qui était en face de lui respirait encore.
Elle parla alors avec une voix rauque.
-« Pardon monsieur, je me suis trompée de chambre…… (Ses yeux roulèrent dans ses orbites et ses pupilles disparurent sous ses paupières supérieures.) ……..Dans une autre vie… (Elle semblait en transe.)…Vous…Vous ne fumez plus, vous et vos compagnons êtes amis depuis de nombreuses années…Vous êtes le président de… (Elle repris son souffle et un air à peu près normal.)…oui…me suis trompé de chambre, pardon…bonsoir… »
Un souffle glacé parcouru l’échine de Stéphane
Christophe trouva, dans le meuble en bois sur lequel reposait la télévision, une pile de cassettes vidéos et un magnétoscope. Au milieu des films enregistrés, une bande ne portait pas d’étiquette. Il la plaça dans le lecteur, après la neige vidéo, vint une image floue de caméscope. On pouvait y voir la salle principale du manoir remplie de monde, tous attablés face à des assiettes bien remplies. Au centre d’une grande table, Mana trônait en robe de mariée, le sourire éclatant, des étoiles scintillait dans ses grands yeux, elle irradiait de bonheur. Elle ressemblait à une adolescente. A sa gauche, un eurasien en smoking avait dans les yeux ce mélange de bonheur et de fierté qu’on les hommes le jour de leur mariage. Christophe arrêta la vidéo, ces instants ne lui appartenaient pas. Il eu soudain l’envie de boire.
Mikael venait de sortir de son bain, une serviette autour de sa taille, il s’essuyait les cheveux avec une autre qui traînait sur le lavabo. Quand il releva la tête vers le miroir, il sursauta. Dans le reflet, il vit, assise sur son lit, une petite fille en robe et chapeau blanc. Penchée en avant, le large rebord de sa coiffe empêchait de voir son visage. Ses petites mains, posées sur ses genoux, étaient aussi blanches que ses vêtements. Mikael se retourna immédiatement. Il n’y avait personne dans la pièce. Son sang se figea dans ses veines. Il rassembla ses vêtements. Il avait besoin de voir du monde.
Cela faisait quatre fois qu’Olivier battait Sébastien au poker. Olivier leva les bras pour s’étirer et s’arrêta dans son mouvement. Il se leva et sembla chercher d’où provenait un bruit aigu dans le lointain. Quelque chose comme des pleurs. Il se leva et alla ouvrir la fenêtre. Au loin, un cheval hennissait de façon lugubre. Il se retourna vers Sébastien
-« Bon, on va aller jouer en bas. »
24 décembre 23H20
Stéphane fut le premier arrivé dans la grande salle. Le phonographe diffusait « Silent night » et Mana accompagnait Anne au bar, l’une en face de l’autre buvaient du Porto.
-« Je peux me joindre à vous ? »
Mana désigna un tabouret à coté de celui d’Anne et lui servit un verre.
Il observa le bar et les photos sur le mur derrière Mana, ses yeux s’arrêtèrent sur la photo d’un homme d’environ trente cinq ans.
Mana suivit son regard.
-« Chis Yukigami, c’était mon mari, le propriétaire de ces lieux. Ça fait maintenant un an qu’il est mort. »
-« Je suis désolé pour vous, je veux dire, ce n’est déjà pas facile…..enfin, surtout en ce moment. »
Elle avala son verre d’un trait. Sa voix resta très douce.
-« Oui, je comprends ce que vous voulez dire. Isolés comme nous le sommes. On pensait que tout ce qu’on voyait à la télévision ne se passait qu’en ville, que les journalistes en rajoutaient. Et puis, un soir, il est rentré gravement blessé, il avait été attaqué par un groupe de créatures alors qu’il se promenait en dehors du village. Il était très mal en point. C’est Anne qui l’a raccompagné jusqu’au manoir, elle a compris la situation plus rapidement que moi, c’est elle qui m’a rapporté ce fusil. Elle est restée tout le temps à mes cotés………C’est moi qui ai tiré sur le cadavre de mon mari quand il a commencé à remuer sur son lit de mort. »
-« Vous n’aviez pas à me raconter tout ça. »
-« Si…ça me fait du bien. »
Anne vida son verre.
-« Bon, c’est Noël ce soir, on va éviter de se plomber la soirée. »
Mana et Stéphane acquiescèrent et se servirent un nouveau verre de Porto.
-« Au fait, il y a une petite vieille qui a frappé à ma porte, c’est normal ? »
Anne avala une gorgée.
-« Ah ! ça, ça doit être la vieille, elle traîne partout dans le village, c’est une ancienne medium, faut pas faire attention à elle, elle est un peu sénile. »
Les quatre membres restant du Z.H. entrèrent dans la salle, Christophe en tête.
-« Vous faites la fête sans nous ? C’est quoi ce bordel ? …Pardon mesdames… »
Mana les invita, d’un geste de la main, à s’installer au bar. Christophe passa derrière le comptoir pour s’installer à coté de la jeune asiatique. Elle le regarda d’un air amusé.
« Christmas Eve » brisa le Léger silence.
Mikael, après avoir reçu son verre, lança timidement la conversation.
-« Il y a des choses bizarre qui arrivent parfois chez vous ? »
Personne ne sembla le comprendre sauf Mana qui finissait de remplir le verre de Christophe.
-« Vous voulez dire à part le fait que les morts ressuscitent ? …Dans cette demeure, il y a eu beaucoup de joie, de peine. Des émotions fortes ont imprégnées les murs de cette maison. Cette maison est comme nous tous, elle a parfois besoin de se confier à quelqu’un. Mais ne vous en faite pas, cela n’a jamais fait de mal à personne. »
Un important bruit de moteur se fit entendre à l’extérieur. Mikael tendis l’oreille.
-« C’est un hélicoptère…Qu’est ce qu’il fait dans le coin ? »
Anne se tourna vers lui.
-« Il doit se passer quelque chose au niveau de la prison. C’est la seule chose digne d’intérêt dans le coin. »
Christophe posa la main sur le bras de Mana.
-« Vous n’avez pas un moyen d’entendre les média, la télévision de ma chambre ne marchait pas mais vous n’avez pas de quoi capter une radio locale ? »
-« Non, euh,….attendez, mon mari aimait bien écouter la radio quand il entretenait sa collection. Oui, je crois bien qu’il y a une radio dans le hangar. »
24 décembre 23H50
Les sept personnes couvertes et armées traversèrent la grande cour derrière le manoir pour accéder à un immense hangar. Mikael se retourna pour regarder le haut de la colline. A coté des lumières de la prison, une foule de gyrophares inondait le sommet de leurs lumières bleues. Il se passait bien quelque chose là-haut.
-« Il collectionnait quoi votre mari ? »
Mana tira la grande porte coulissante.
-« Il était cinéphile et téléphage. Il achetait aux ventes aux enchères des costumes, des véhicules et des accessoires de films et de séries. »
Les cinq hommes furent subjugués sous les regards amusés d’Anne et de Mana. Cette dernière s’improvisa guide.
-« Dans les grandes armoires, ce sont les costumes de différents films et autres westerns. Là ce sont les sabres des « sept Samurais » de Kurosawa, ce sont de vrais sabres utilisés pour les plans rapprochés. Bien sur, lors des scènes de combat, ils utilisaient des reproductions. Là, ce sont les cinq motos Honda qui ont servis pour la série « Kamen rider black RX » et là ce sont les armures de la série « Chojin Sentai Jetman »… »
Mikael écarquilla les yeux devant une grande camionnette noir et rouge.
-« Ce n’est tout de même pas ?... »
Elle reprit.
-« Oui, c’est bien la camionnette General Motors Company de « The A-TEAM », ou, si vous préférez : « L’agence tout risque. ». Il en était très fier, ce fut sa dernière acquisition….Ah, je crois que j’ai trouvé son poste de radio. »
25 décembre 00H00
Une fois que tout le monde fut rentré dans la grande salle, Mana arrêta le phonographe qui diffusait « Angels we have heard on high » et brancha le radio cassette de son mari. Elle chercha une station.
Christophe alla se servir un verre de martini et lança un timide.
-« Bon, bah, joyeux noël à tous… »
Stéphane sourit et voulu lui répondre quand une voix se fit entendre dans le poste.
-« …oui, ici la situation est toujours tendue, je vous rappelle qu’un groupe terroriste liés à la secte apocalyptique « Les chevaliers divins » a pris en otage la direction de la prison de NAMSILAT. Ils réclament la libération de quatre de leurs leaders……Ils ont lancés un ultimatum, ils prétendent avoir introduis plusieurs barils de VX, un gaz toxique ayant des effets proches du Sarin ainsi que des explosifs. Cet ultimatum était censé prendre fin à minuit mais nous attendons toujours la réponse du ministère de l’intérieur qui… »
Une immense explosion se fit entendre à l’extérieur. La radio continua d’émettre un instant.
-« Je crois percevoir comme une agitation autour…. (La radio devint silencieuse.). »
Les sept personnes se dirigèrent ensemble vers la fenêtre. Autour de la prison, il n’y avait plus de lumière électrique, uniquement des flammes éclairant un épais brouillard de gaz blanc.
Anne secoua la tête.
-« Une chance pour nous, le vent ne souffle pas dans notre direction. »
Mikael tapota nerveusement la vitre.
-« De ce coté de la prison, ça descend vers le village, ok ? Mais de l’autre coté, il y a quoi ? »
-« Une forêt, mais son accès est complètement grillagé afin de décourager d’éventuels fugitifs de s’y cacher. »
-« J’imagine que, de là-haut, on voit aisément les lumières du village…Bon, il faut qu’on se prépare à faire évacuer le village. Tout le monde a un véhicule j’espère ? »
-« Non, ce n’est pas possible, il y a surtout beaucoup de personnes âgées, incapables de partir dans l’urgence. De plus, avec la tempête, les routes ne seront pas praticables avant demain. Vous pouvez me dire où est le problème ? »
Stéphane fronça le nez.
-« Vu le type de nuage au dessus de la prison, c’était bien du VX, c'est-à-dire que là-haut, tout le monde est mort. Avec la configuration géographique actuelle, le zombi, il va pas se faire chier, il va voir la lumière du village alors il va gentiment se laisser descendre la colline. Dans moins d’une heure, le village sera infesté de cadavres ambulants. »
Christophe prit Mana par les épaules.
-« Ne vous inquiétez pas, nous sommes des professionnels, on va vous protéger »
Olivier réfléchit un instant.
-« Il faudrait qu’on les bloque dés leur arrivée en bas de la colline, s’ils se dispersent dans le village, c’est foutu. Pour ça, il faut qu’on puisse se déplacer rapidement. Elles fonctionnent vos motos ? »
Mana fit oui de la tête.
Sébastien se plaça près d’elle.
-« Pour faire de la moto, il nous faudrait des vêtements chauds mais qui soit moins épais que nos uniformes pour ne pas gêner nos mouvements. Il faudrait aussi que nous ayons des armes blanches car les combats vont être très rapprochés. On peut emprunter les sabres de votre mari ? »
Mana acquiesça.
Stéphane reprit de plus belle.
-« Oui, et comme nous sommes cinq, pour former une vrai équipe, on devrait porter les costumes Sentai de Jetman…enfin, moi je dis ça…je m’emballe peut être un peu. »
Un silence, des sourires gênés. Mikael tapota le dos de son ami.
-« T’inquiètes pas, on est tous crevé, il est tard…..Allez, on va se mettre au boulot, on a plus trop le temps là… »
25 décembre 00H45
Mikael, Christophe, Sébastien et Olivier sortirent du hangar sur leurs Hondas.
Des grands manteaux de cuir et des stetsons ayant servis dans un des films de Sergio Leone leurs servaient d’uniformes. Tels quatre cow-boys modernes, ils étaient forts et fiers sur leurs motos. Ils avaient fixés leurs fusils d’assaut sur l’avant de leurs véhicules et une lanière de cuir maintenait leurs sabres de samurai dans le dos.
Mikael releva le bord avant de son chapeau avec son index et se tourna vers le hangar.
-«Stéphane, tu sort ? »
Son ami sorti lentement, tête baissée.
-« ça va, ça va, j’arrive. »
-« Mana a dit qu’elle était désolé mais elle n’avait que ça à ta taille. »
-« Je sais, je sais. »
-« Euh, pourquoi tu as mis aussi la barbe ? »
-« ça me tient chaud au visage. »
-« Bon, tu sais, c’est quand même celui que portait Dan Akroyd dans « Un fauteuil pour deux ». »
-« Super… »
Stéphane était équipé comme ses collègues à la différence près qu'il portait un manteau de Père Noël. Mikael lui ouvrit la voie.
-« Vu comment t’es habillé, c’est ton soir alors passe devant.. »
Stéphane s’alluma une cigarette et lança son paquet à Anne. Cette dernière, montée sur Emeraude, s’alluma aussi une cigarette et coinça le paquet sous une de ses cartouchières. Le fusil en main, il était convenu qu’elle devait abattre tout zombi qui échapperait aux cinq mercenaires.
25 décembre 00H55
Ils partirent en formation en V dans la rue principale du village. Le père Noël en tête, la barbe au vent et la clope au bec. Derrière eux, on pouvait entendre le galop d’Emeraude. Avant d’arriver au pied de la colline, ils virent déjà les premiers morts vivants qui finissaient de dégringoler. Stéphane pensa à ce moment là :
-« Mon Dieu, ils sont plus d’une centaine ! »
De loin, ils envoyèrent la première rafale pour éliminer au plus vite les premiers arrivés.
Des zombis en uniforme de policier, d’autres en détenus et quelques journalistes en costume. Certains à moitié brûlés, d’autres abîmés par l’explosion et certains juste empoisonnés par le VX.
Les premiers tirs de fusils d’assaut firent exploser les crânes de ceux qui étaient isolés. Au loin, on entendait le fusil d’Anne et les hennissements d’Emeraude.
Puis vint le flot de cadavre compact dont la clameur couvrait le bruit des motos. Les cinq Z.Hunters empoignèrent leurs sabres dans un unique geste presque chorégraphié. Ils poussèrent un hurlement guerrier et foncèrent dans le tas en brandissant leurs Katanas.
La neige devint rouge sous leurs pieds. Des têtes volèrent, des yeux furent crevé et des crânes furent fendu à leurs bases. Le sang giclait dans tout les sens, aveuglant les cinq guerriers.
Au loin, ce n’était plus un mais deux fusils qu’on entendait. Christophe releva la tête et constata que Mana s’était posté sur le toit d’une maison voisine. Ses long cheveux flottant dans le vent, elle faisait exploser le plus de crâne possible.
Le combat sembla durer une éternité, à chaque zombi tué, une dizaine d’autres semblait descendre de cette fichu colline. Ce n’était pas tant le combat qui était fatiguant, c’était l’attention constamment maintenue pour éviter de se faire mordre. Des qu’il se sentaient débordé, ils devaient s’éloigner du groupe de zombi et revenir à la charge au sabre, sur la moto, encore et encore. Jusqu’à ce qu’il n’y ai plus d’adversaire.
25 décembre 04H38
La bataille fut épique. Anne du même laisser Emeraude en arrière pour aider le Z.H. de quelques coups de machette bienvenus. Mana pouvant très bien seule éviter les débordements.
Quand le dernier zombi descendit la colline, c’est le Père Noël en personne qui lui offrit le repos éternel, il était presque cinq heures du matin.
Ils allèrent en moto jusqu’à la prison pour s’assurer que plus personne ne descendrait. Ils ne trouvèrent que des ruines désertes à la place de qu’était la prison de NAMSILAT.
Ils virent au loin, sur la route, les premiers camions de l’armée qui arrivaient. Les routes étaient de nouveau praticables, la cavalerie arrivait, trop tard, comme dans les mauvais westerns.
Mikael alla voir Anne qui fumait une cigarette à coté de sa monture et lui désigna le tas de cadavre.
-« L’armée a réussi à arriver jusqu’à la prison, je pense qu’ils vont au moins pouvoir vous débarrasser de tout ça. »
A 06H00, ils rentrèrent au manoir, se lavèrent et sombrèrent dans un sommeil de plomb. Mikael crut entendre le rire lointain d’une petite fille mais il était trop fatigué pour s’en inquiéter.
25 décembre 14H00
Les hommes du Z.H. se retrouvèrent dans la salle principale du manoir. Ils déjeunèrent avec Mana et Anne. Ce fut une succession de discussions et d’éclats de rire. On pouvait lire la joie dans les yeux de Mana, Christophe crut même y voir, un instant, le scintillement qu’elle avait à son mariage. Tous ressentaient un bonheur intense, la joie d’être en vie après cette nuit. Un déjeuner entre amis un jour de Noël, loin du quotidien, loin des morts vivants, loin de Paris, loin du Z.H., loin de Mannesmann…
-« Oh putain Mannesmann !! »
Mikael venait de penser tout haut et assez fort d’ailleurs.
Stéphane l’interpella.
-« Quoi Mannesmann ? »
-« Non seulement on ne lui a pas ramené son champagne mais en plus on a laissé le van au milieu de la route et comme le convoi militaire devait passer, ils l’on certainement renversé sur le bas-côté. »
Mana interrompit leur conversation.
-« Il y avait des choses de valeur dans votre van ? »
-« Non, plus rien, on a embarqué tout le matériel sur nous. C’est pour ça qu’on était si chargés quand Anne a voulu nous abattre. »
-« Et bien votre van est devant la porte avec le plein. »
Les cinq hommes se regardèrent incrédules pendant un court instant.
Quand ils sortirent du manoir après le repas, ils trouvèrent à leur disposition une superbe camionnette General Motors Company noir et rouge. Mana donna le trousseau de clef à Mikael.
-« C’est mon cadeau de Noël pour vous remercier de ce que vous avez fait cette nuit. »
-« Merci, merci beaucoup…..Je n’arrive pas à croire qu’on va rentrer chez nous avec la camionnette de « l’agence tout risque »… »
Ils se saluèrent tous. Stéphane offrit une cartouche de cigarette à Anne en lui disant que de toute façon, il allait arrêter, puis il s’approcha de Mana.
-« Mana san, kono sekai wa warui yume dake da. Ganbatte ne. »
-« Hai, wakatta. Doumo. »
Ils se firent tous la promesse de se revoir des la fin de la crise car de toute façon, cette invasion de morts vivants ne pouvait bien sur pas durer et que tout cela allait s’arrêter très prochainement. Christophe demanda à Stéphane ce qu’il avait dit à Mana, ce dernier répondit que ce n’était que des formules de politesse sans importance.
25 décembre 20H00
La camionnette noir et rouge entra enfin dans Paris. Stéphane tirait une dernière bouffée sur sa Philip Morris et s’adressa à Mikael.
-« Avec tout ça on a pas fait de ski. »
-« Qu’est ce que tu racontes, c’est quoi cette histoire de ski ? »
-« Non, rien, juste une idée comme ça…. »
JOYEUX NOËL A TOUS.