Kodomo no yume 4eme partie 15 mars 2006
Mercredi matin je me suis réveillé avec les mains dans une paire de chaussettes comme un nouveau-né. Je ne voulais pas que la crème nivea salisse les draps de la pension.
Je me suis préparé en faisant attention à ne pas faire de bruit mais essayez de vous habiller dans un placard sans taper dans les murs avec un coude ou un genou et vous comprendrez quel était mon problème. Entre mes 2 réveils (il faut bien ça) et ça, j’avais l’impression de réveiller tout le Khaosan avant de partir au boulot………où que tu sois dans le monde, il y aura toujours un français pour te faire chier……là, c’était moi…
Un petit coup de potion magique et j’étais reparti pour une nouvelle journée.
Cela commençait par être la routine : le métro, les observations, les notes prises sur mon carnet, le lycée franco-japonais, la secrétaire qui me fusille du regard quand je la croise, les intercours, etc.… je m’intégrais bien à ce nouvel univers.
Au niveau des surveillants là-bas, tout le monde était sympa. Le problème c’est que personne ne s’étonnait de la ponctualité de tout le monde alors que c’était impensable en France. Le seul qui pu me fournir une explication autre que « Bah, c’est le japon », c’est un jeune surveillant en working holidays (Visa de 1 an renouvelable qui permet de travailler au Japon) qui bossait là depuis 3 mois. Il m’a expliqué que les occidentaux s’adaptaient à la culture du pays, c'est-à-dire qu’au Japon, on va à un rendez vous 5 minutes à l’avance, la ponctualité est une notion importante.
C’est vrai que les occidentaux s’adaptent vite là-bas. Ils ne jettent pas leurs papiers ailleurs que dans les poubelles et ils ne fument qu’aux smoking point. Les rues de Tokyo sont clean, le métro est clean et de toute évidence ce n’est pas une question d’ethnie puisque les occidentaux présents prennent le pli. Des fois je me dis que ça tiens vraiment à rien, que la vie pourrait être plus agréable à Paris, enfin c’est certainement pas moi qui vais faire changer les choses. Je me suis aperçu par des petits détails que les priorités étaient placés à des niveaux différents par rapport à ici, surtout quand j’ai vu 2 gamines dans les rues d’Asakusa déplacer un plot de chantier parce que ça pliait une fleur…….ça vient peut être du Shinto qui prône le respect de la vie sous toute ses formes ou tout simplement une délicatesse dans la façon de vivre qui ne viendrait même pas à l’esprit de nos lolipouffes girlpowerisées qui rotent leurs vodka-Redbull devant M6.
L’après midi, j’avais rendez vous sur le site de Fujimi, l’école primaire du LFJT dans le quartier de Iidabashi pour voir l’intendant. Je me suis perdu, une fois de plus mais là j’avais un point de repère : « La boulangerie FARINE », c’est le point central du quartier, que dis je c’est le point central de Tokyo quand on arrive à la boulangerie Farine, tout droit, c’est la poste, à droite, c’est le site de Fujimi. Si cette boulangerie ferme ou change d’enseigne, je pourrais errer à jamais dans ce quartier sans jamais retrouver mon chemin.
Ce midi là, après avoir trouvé l’école (j’étais arrivé une heure avant mon rendez vous, on ne sait jamais avec cette ville fourbe qui a des petites rues partout, surtout que les adresses sont par bloc et non par rue. Y a bien 2 ou 3 noms de rues qui sont là pour occuper les gaijins et faire marrer les autochtones mais ça aide pas quand on cherche un lieu, j’ai flâné dans le quartier, je suis passé devant les différentes écoles (l’université dentaire et autres) et, n’ayant pas très faim, je me suis installé dans un petit café sympa où j’ai savouré leur blend coffee à un comptoir tout en bois sur un fond de musique anglaise. Le tout très sobre, très classe, c’était pas le Cat’s eye mais c’était sympa. Un peu déçu car la mode n’était plus aux cafetières Cona (2 sphères de verre) comme dans les années 80 mais à l’eau versée de la bouilloire sur le filtre, le café est bon, mais nous éloigne encore plus du Cat’s eye.
Ensuite, je suis allé sur le site de Fujimi pour mon rendez vous. Bien qu’étant en formation, j’ai eu un entretien d’environ 01H30 avec l’intendant qui m’a expliqué ses problèmes depuis que le LFJT avais acquis le statut d’école privé japonaise le 1er janvier dernier tout en restant une école publique du point de vue français……..good luck Jim !
Sortant du primaire, je me suis arrêté dans une petite boutique associée à une fabrique de Washi (papier japonais). Cette boutique fournit toutes les écoles des alentours en papier à lettre et autres. Je voulais acheter des cartes postales et peut être des petits présents en washi pas chers pour collègues femelles susceptibles de s’extasier devant un morceau de papier précieux coloré.
Je sais bien que je ne faisais pas très local, mais la japonaise (petite, la vingtaine et aux grandes lunettes) qui m’a accueilli a fait la même tête au départ que si j’étais un ours évadé du zoo de Ueno. Ensuite, elle s’est excusée 15 fois parce qu’il y avait un carton au milieu de la boutique et y est allée de toute ses forces pour le déplacer alors que j’essayais de lui expliquer que ce n’était pas grave et que je pouvais passer de l’autre coté.
En même temps, l’arrière boutique servait d’entrepôt et elle avait l’air d’être assez bordélique.
J’ai pris mes cartes postales et j’ai eu le malheur de poser des questions sur des petits carrés de papier colorés emballés dans du plastique. Elle me dit que se sont des fukuro (pochettes), j’ai bien compris le terme mais je ne vois pas le rapport avec les petits carrés de papier. Elle s’est mise en tête de me le traduire :
Elle : -comment vous expliquer ça ? En anglais ou en français ?
Moi : -Ah bah en français !
Elle : -Ah ! En français….euh….je sais pas…….
Véridique, et le tout avec un grand sourire.
En fait, il s’agissait seulement d’une petite enveloppe de papier carrée destinée à contenir une pièce de monnaie à offrir aux enfants.
Pour le second sujet de ma curiosité j’ai compris tout de suite de quoi il s’agissait et elle a lancé un « yatta ! » (C’est réussi ! ou « youpi ! ») Avec un grand sourire et en levant le bras. En Asie, on appelle ça le style « kawaï » (mignon) mais avec mon sale état d’esprit de français désagréable ça donne : « Tiens, encore une niaise… ».
Cette confrontation culturelle passée j’étais prêt à passer au shopping : Strike back in Akihabara.
Je savais où j’allais (je me souvenais des conseils d’Arnaud) et ce que je cherchais.
Je suis rentré chez TRADERS et je me suis jeté sur 1 Neogeo, 2 pads arcade, une carte mémoire, Art of fighting et en bonus shining force CD sur mega cd……..rhaa ça m’a fait un bien fou.
Le vendeur m’a quand même fait remarqué que le shining force cd ne marcherait pas sur la
Neogeo ………prends moi pour un con…….Bah oui, lui fis-je c’est pour le mega cd de la megadrive….Alors il m’a fait un sourire et est allé chercher un jeu mega cd dans le bac à junk (jeux ayant une petite rayure sur la boite vendu une misère au japon, revendu 10 fois plus cher en boutique spécialisée en France) pour m’en faire cadeau (une simulation de course de chevaux…..mais le geste était sympa). Cadeau pour se faire pardonner de m’avoir pris pour un con ou parce que j’avais vidé la vitrine de la console magique au lieu d’avoir bovinement acheté une PS2, je ne sais pas mais je suis sorti sous les chaleureuses salutations des vendeurs.
J’ai erré dans les boutiques de Akiba, une system card pc engine par ci, un ac adapter dragon quest par là, des jeux d’enquête famicom mini pour finir. Au super potato, le temple du rétro gaming avec ses musiques midi 8 bit et ses affiches de miho nakayama (l’idole de mes 16 ans) dans tokimeki high school sur disc system, un pad famicom et super mario d’origine dans les mains et le virtual boy sur les yeux…….j’étais au paradis.
Gros geek va ! Je pouvais jouer aux salary-man kakkoï, l’air de pas y toucher, mais j’arrivais même pas à résister à l’envie d’essayer comme un nerd les jeux megadrive qui me faisaient rêver dans les pages des magasines japonais que je lisais à Junku dans le Paris de mes 16 ans.
Le retour de densha otoko……non je suis pas un geek ! Quand Kyoko m’avait proposé le dimanche soir de m’accompagner pour faire mon shopping, je lui avais dit que c’étais peut-être pas une bonne idée…..c’est en fait que j’assumais pas devant les gens que je connaissais mon coté nerd. C’est aussi pour la même raison que le lundi soir je n’avais pas fait de shopping avec Arnaud et que je regardais tout avec un air faussement détaché. Dr Jekyll honteux, je ne laissais sortir Mr Hyde uniquement dans l’anonymat de la foule d’Akiba.
Ok, aujourd’hui je suis un nerd, j’assume mais j’ai quand même des limites. Le problème à Akiba c’est que les magasins proposent souvent de tout et d’un étage à l’autre on passe des jeux vidéo à autre chose. Je me suis retrouvé au rayon des cassettes porno avec plein de salary-men avec leurs petits panier comme à franprix sauf qu’à la place du beurre il y a des cassettes avec en couverture une jeune asiatique qui se compresse les seins avec la légende « je suis dans l’huile et j’aime ça ! ». J’ai tourné les talons en remarquant quand même que les gérants du magasin avaient eu le sadisme de placer à la caisse une jeune fille qui n’en demandait pas tant.
Vint ensuite le rayon des figurines, des maquettes et des model-kit en résine. J’y ai vu à la caisse du même magasin, 2 vendeurs, un garçon et une fille qui emballaient pour un client une figurine de fille aux oreilles de lapin, à poil, le cul en l’air. Et pendant que le client finissait ses achats elle glissa à son collègue : « C’est quand même un peu bizarre…. »
Malgré les différents magasins visités, impossible de trouver une console DS lite à moins de 30 000 yens, soit le double du prix normal…..fichu rupture de stock….
En résumé, Akihabara, c’est excellent la plupart du temps, mais à certains moments, c’est glauque…
En sortant du super potato, qui vois je arriver au loin et la clope au bec (alors que c’est interdit de fumer dans les rues d’akiba), le jeune surveillant en working holidays. J’avais 1 chance sur 1 million de tomber dur lui dans Tokyo et 1 sur 10 000 de le rencontrer à akiba.
On a trouvé ça marrant, on a un peu discuté, il voulait que je vienne avec lui. J’ai refusé en prétextant que je n’avais pas le temps. En fait, c’est peut être un tort, mais j’ai du mal à voir les collègues de bureau en dehors, je suis toujours embarrassé par ça. Ce ne sont pas des amis, juste des relations de travail, j’aurais peut être passé une bonne soirée avec lui mais ça ne me disait vraiment rien.
J’ai donc continué mon chemin en achetant par ci par là des jouets kamen rider pour mon fils.
J’ai marché comme ça jusqu’à Ueno où j’ai pris le métro à 19H en dissimulant un peu mes sacs aux couleurs des magasins de jeux vidéo et de jouets…….quand je vous disais que j’assumais pas….
Je suis arrivé à mon hôtel en me demandant où j’allais dîner ce soir là.
Arrivé à ma porte j’y trouvais un petit morceau de papier blanc scotché…..je me suis dit : ça y est, je suis trop bruyant le matin, les gens se sont plaint…..quelle merde.
En fait non, en le dépliant, je me suis aperçu que c’était tout simplement Kyoko qui avait envoyé un mail à mon hôtel pour me prévenir qu’elle était libre le mercredi soir et que si je voulais, on pouvait se voir.
C’était sympa mais il était déjà 19H30 et elle avait peut être déjà planifié autre chose avec des amis en voyant que je ne répondais pas. Je suis allé jusqu’à la cabine téléphonique et elle me donna rendez vous sur la plateforme de la Toei Asakusa line à 20H30.
A l’heure dite, elle m’a demandé si j’avais faim….pas trop en fait. Elle m’a donc proposé d’aller à Roppongi. Nouveau quartier des affaires et accessoirement un des quartiers hype des nuits Tokyoïtes.
Nous sommes d’abord allé à Roppongi Hills et sa colline de buildings d’affaires, ses entrées de métro hi-tech avec écran géant (encore) et la tour de Tokyo illuminée au loin.
Elle m’a ensuite emmenée sur la Roppongi main street à la recherche d’un piano bar qu’elle aimait bien.
Elle m’a demandé comment j’avais trouvé Akihabara…..je lui ai fait part de mes réactions mitigée du fait que de se retrouver dans des magasins glauques avec des vidéos et des figurines assez creepy quand on tournait au mauvais endroit me gênait un peu.
Elle m’a alors demandé si je connaissait « Densha Otoko » (ok, j’étais grillé !).
Je lui ai dit que j’avais vu la série et le film et que j’avais le bouquin à la maison. Elle ne connaissait que de nom car l’histoire était assez populaire au Japon l’été dernier.
Je lui ai alors expliqué que, comme beaucoup de fans de culture japonaise dans les années 90, j’étais (mais elle le savais, je lui avait écrit sur le sujet à l’époque et elle aimait bien city hunter au lycée) au lycée fan d’animé et de musique japonaise et que la grande trouille c’était de ressembler à un geek sans vie réelle comme Densha. Ça la fait marrer.
Elle n’a pas trop le temps de regarder la TV mais on a discuté des vieux dramas (séries TV japonaises) que je connaissais comme « Tokyo love story » qu’elle avait vu au lycée et que j’avais regardé de mon coté car j’adorais le générique de début (« Love story wa totsuzen ni » par Oda Kazumasa). Une série télé hyper niaise avec des trentenaires à la vie sentimentale de lycéens, un grand moment de guimauve qui fait bien marrer 15 ans après.
C’est marrant parce que d’habitude je faisais ma feignasse avec Kyoko et je lui parlais en anglais mais là j’avais l’effort d’entamer la conversation sur les dramas en japonais. Elle m’y encourageait, elle est aussi prof particulier pour 2 business men à coté de son boulot chez Symantec.
La conversation s'est terminée dans un ascenseur partant pour le 8eme étage d’une tour, et là, le piano bar avait changé de proprio et était devenu un bar latino…….changement de programme, 8 étages dans l’autre sens.
Nous avons ensuite fait quelques détours, moi ne connaissant pas Tokyo et elle n’ayant pas le sens de l’orientation, on a un peu marché.
A la fin, elle a retrouvé le chemin d’un bar plus calme, un peu éloigné du main street.
Elle me fit remarqué en japonais qu’il y avait beaucoup de jeunes dans la main street et que nous allions dans un endroit fréquenté par des gens plus proche de notre âge. Ce à quoi je lui fit remarquer que nous étions encore jeunes……non mais……j’ai déjà du mal à assumer mes 30 ans, si en plus, même au japon, on me fait remarquer que je suis vieux …
Arrivés au bar, le portier était un Eurasien type mannequin chevelu fashion victime. Tout le monde dans le bar était jeune, beau et bien sapé. Pas super à l’aise, j’ai du faire une tête bizarre en entrant car ils m’ont regardé d’un drôle d’air.
Peut être parce que j’étais gaijin ? Parce que j’accompagnais Kyoko, qu’ils voyaient le plus souvent venir avec ses amis ? Parce que j’avais l’air d’un bouseux ?
La serveuse a échangé quelques mots amicaux avec kyoko, c’était vraiment une habituée
Enfin, bon, nous nous sommes installés dans un coin et j’ai commandé une margharita.
Cela me permit encore une fois de relater ma murge du siècle dans un café cubain en compagnie d’un ami……..salaud de cubains !
J’asseyais ainsi ma réputation de poivrot à un niveau international.
J’ai beaucoup parlé en mal de la France ce soir là, des rues salles, des gens qui jetaient leurs détritus n’importe où et de l’agressivité naturelle du parisien…….je n’ai pas été un très bon ambassadeur ce soir là mais je me suis rattrapé plus tard en relativisant mes propos. , j’avais rien avalé de solide de la journée et donc les cocktails faiblement alcoolisés du japon m’ont tout de même tourné la tête.
Vers la fin de soirée, après quelques verres, elle me donna rendez vous pour le samedi soir, à 20H30 sur la place de Hachiko, devant la statue du chien à la gare de shibuya. Machinalement, j’ai dit en français : « Devant le chien », elle l’a répété, ça lui a bien plu comme phrase en français, surtout « chien »…..oui, elle avait bu aussi.
Elle a un peu plus parlé de sa vie mais elle m’a surtout dit ce soir là qu’elle travaillait beaucoup, ça m’a rappelé une de ses anciennes lettres où elle me disait qu’elle ne passerait pas sa vie en heure sup’ comme le faisaient les anciens de sa boite…….j’ai eu l’impression qu’elle s’était fait rattrapée par le système.
On a quand même pas mal discuté, surtout de nos années de lycée où nous avions commencé à correspondre. J’avais l’impression de retrouver une ancienne camarade de classe, ce fut très sympa comme soirée.
Ce soir là j’ai réussi une manip pour payer l’addition avant qu’elle me refasse le coup de la dernière fois, nous étions donc à égalité.
En partant le personnel du bar ainsi que le portier m’ont sourit et souhaité une bonne soirée, je devais certainement faire une tête de tueur en arrivant.
Dans l’escalator du métro, elle fit une découverte :
Elle : « Oh, t’es grand »
Moi : «oui, désolé »
Nous avons donc devisé gaiement sur nos tailles respectives avant d’arrêter nos considérations éthyliques à la station de la ginza line où nous nous sommes séparé.
Je ne sais plus à quelle heure je suis revenu au Khaosan mais je sais que je n’ai pas eu de mal à trouver le sommeil, je savais déjà qu’il me faudrait plus d’un café le lendemain pour tenir le coup.
Je me suis préparé en faisant attention à ne pas faire de bruit mais essayez de vous habiller dans un placard sans taper dans les murs avec un coude ou un genou et vous comprendrez quel était mon problème. Entre mes 2 réveils (il faut bien ça) et ça, j’avais l’impression de réveiller tout le Khaosan avant de partir au boulot………où que tu sois dans le monde, il y aura toujours un français pour te faire chier……là, c’était moi…
Un petit coup de potion magique et j’étais reparti pour une nouvelle journée.
Cela commençait par être la routine : le métro, les observations, les notes prises sur mon carnet, le lycée franco-japonais, la secrétaire qui me fusille du regard quand je la croise, les intercours, etc.… je m’intégrais bien à ce nouvel univers.
Au niveau des surveillants là-bas, tout le monde était sympa. Le problème c’est que personne ne s’étonnait de la ponctualité de tout le monde alors que c’était impensable en France. Le seul qui pu me fournir une explication autre que « Bah, c’est le japon », c’est un jeune surveillant en working holidays (Visa de 1 an renouvelable qui permet de travailler au Japon) qui bossait là depuis 3 mois. Il m’a expliqué que les occidentaux s’adaptaient à la culture du pays, c'est-à-dire qu’au Japon, on va à un rendez vous 5 minutes à l’avance, la ponctualité est une notion importante.
C’est vrai que les occidentaux s’adaptent vite là-bas. Ils ne jettent pas leurs papiers ailleurs que dans les poubelles et ils ne fument qu’aux smoking point. Les rues de Tokyo sont clean, le métro est clean et de toute évidence ce n’est pas une question d’ethnie puisque les occidentaux présents prennent le pli. Des fois je me dis que ça tiens vraiment à rien, que la vie pourrait être plus agréable à Paris, enfin c’est certainement pas moi qui vais faire changer les choses. Je me suis aperçu par des petits détails que les priorités étaient placés à des niveaux différents par rapport à ici, surtout quand j’ai vu 2 gamines dans les rues d’Asakusa déplacer un plot de chantier parce que ça pliait une fleur…….ça vient peut être du Shinto qui prône le respect de la vie sous toute ses formes ou tout simplement une délicatesse dans la façon de vivre qui ne viendrait même pas à l’esprit de nos lolipouffes girlpowerisées qui rotent leurs vodka-Redbull devant M6.
L’après midi, j’avais rendez vous sur le site de Fujimi, l’école primaire du LFJT dans le quartier de Iidabashi pour voir l’intendant. Je me suis perdu, une fois de plus mais là j’avais un point de repère : « La boulangerie FARINE », c’est le point central du quartier, que dis je c’est le point central de Tokyo quand on arrive à la boulangerie Farine, tout droit, c’est la poste, à droite, c’est le site de Fujimi. Si cette boulangerie ferme ou change d’enseigne, je pourrais errer à jamais dans ce quartier sans jamais retrouver mon chemin.
Ce midi là, après avoir trouvé l’école (j’étais arrivé une heure avant mon rendez vous, on ne sait jamais avec cette ville fourbe qui a des petites rues partout, surtout que les adresses sont par bloc et non par rue. Y a bien 2 ou 3 noms de rues qui sont là pour occuper les gaijins et faire marrer les autochtones mais ça aide pas quand on cherche un lieu, j’ai flâné dans le quartier, je suis passé devant les différentes écoles (l’université dentaire et autres) et, n’ayant pas très faim, je me suis installé dans un petit café sympa où j’ai savouré leur blend coffee à un comptoir tout en bois sur un fond de musique anglaise. Le tout très sobre, très classe, c’était pas le Cat’s eye mais c’était sympa. Un peu déçu car la mode n’était plus aux cafetières Cona (2 sphères de verre) comme dans les années 80 mais à l’eau versée de la bouilloire sur le filtre, le café est bon, mais nous éloigne encore plus du Cat’s eye.
Ensuite, je suis allé sur le site de Fujimi pour mon rendez vous. Bien qu’étant en formation, j’ai eu un entretien d’environ 01H30 avec l’intendant qui m’a expliqué ses problèmes depuis que le LFJT avais acquis le statut d’école privé japonaise le 1er janvier dernier tout en restant une école publique du point de vue français……..good luck Jim !
Sortant du primaire, je me suis arrêté dans une petite boutique associée à une fabrique de Washi (papier japonais). Cette boutique fournit toutes les écoles des alentours en papier à lettre et autres. Je voulais acheter des cartes postales et peut être des petits présents en washi pas chers pour collègues femelles susceptibles de s’extasier devant un morceau de papier précieux coloré.
Je sais bien que je ne faisais pas très local, mais la japonaise (petite, la vingtaine et aux grandes lunettes) qui m’a accueilli a fait la même tête au départ que si j’étais un ours évadé du zoo de Ueno. Ensuite, elle s’est excusée 15 fois parce qu’il y avait un carton au milieu de la boutique et y est allée de toute ses forces pour le déplacer alors que j’essayais de lui expliquer que ce n’était pas grave et que je pouvais passer de l’autre coté.
En même temps, l’arrière boutique servait d’entrepôt et elle avait l’air d’être assez bordélique.
J’ai pris mes cartes postales et j’ai eu le malheur de poser des questions sur des petits carrés de papier colorés emballés dans du plastique. Elle me dit que se sont des fukuro (pochettes), j’ai bien compris le terme mais je ne vois pas le rapport avec les petits carrés de papier. Elle s’est mise en tête de me le traduire :
Elle : -comment vous expliquer ça ? En anglais ou en français ?
Moi : -Ah bah en français !
Elle : -Ah ! En français….euh….je sais pas…….
Véridique, et le tout avec un grand sourire.
En fait, il s’agissait seulement d’une petite enveloppe de papier carrée destinée à contenir une pièce de monnaie à offrir aux enfants.
Pour le second sujet de ma curiosité j’ai compris tout de suite de quoi il s’agissait et elle a lancé un « yatta ! » (C’est réussi ! ou « youpi ! ») Avec un grand sourire et en levant le bras. En Asie, on appelle ça le style « kawaï » (mignon) mais avec mon sale état d’esprit de français désagréable ça donne : « Tiens, encore une niaise… ».
Cette confrontation culturelle passée j’étais prêt à passer au shopping : Strike back in Akihabara.
Je savais où j’allais (je me souvenais des conseils d’Arnaud) et ce que je cherchais.
Je suis rentré chez TRADERS et je me suis jeté sur 1 Neogeo, 2 pads arcade, une carte mémoire, Art of fighting et en bonus shining force CD sur mega cd……..rhaa ça m’a fait un bien fou.
Le vendeur m’a quand même fait remarqué que le shining force cd ne marcherait pas sur la
Neogeo ………prends moi pour un con…….Bah oui, lui fis-je c’est pour le mega cd de la megadrive….Alors il m’a fait un sourire et est allé chercher un jeu mega cd dans le bac à junk (jeux ayant une petite rayure sur la boite vendu une misère au japon, revendu 10 fois plus cher en boutique spécialisée en France) pour m’en faire cadeau (une simulation de course de chevaux…..mais le geste était sympa). Cadeau pour se faire pardonner de m’avoir pris pour un con ou parce que j’avais vidé la vitrine de la console magique au lieu d’avoir bovinement acheté une PS2, je ne sais pas mais je suis sorti sous les chaleureuses salutations des vendeurs.
J’ai erré dans les boutiques de Akiba, une system card pc engine par ci, un ac adapter dragon quest par là, des jeux d’enquête famicom mini pour finir. Au super potato, le temple du rétro gaming avec ses musiques midi 8 bit et ses affiches de miho nakayama (l’idole de mes 16 ans) dans tokimeki high school sur disc system, un pad famicom et super mario d’origine dans les mains et le virtual boy sur les yeux…….j’étais au paradis.
Gros geek va ! Je pouvais jouer aux salary-man kakkoï, l’air de pas y toucher, mais j’arrivais même pas à résister à l’envie d’essayer comme un nerd les jeux megadrive qui me faisaient rêver dans les pages des magasines japonais que je lisais à Junku dans le Paris de mes 16 ans.
Le retour de densha otoko……non je suis pas un geek ! Quand Kyoko m’avait proposé le dimanche soir de m’accompagner pour faire mon shopping, je lui avais dit que c’étais peut-être pas une bonne idée…..c’est en fait que j’assumais pas devant les gens que je connaissais mon coté nerd. C’est aussi pour la même raison que le lundi soir je n’avais pas fait de shopping avec Arnaud et que je regardais tout avec un air faussement détaché. Dr Jekyll honteux, je ne laissais sortir Mr Hyde uniquement dans l’anonymat de la foule d’Akiba.
Ok, aujourd’hui je suis un nerd, j’assume mais j’ai quand même des limites. Le problème à Akiba c’est que les magasins proposent souvent de tout et d’un étage à l’autre on passe des jeux vidéo à autre chose. Je me suis retrouvé au rayon des cassettes porno avec plein de salary-men avec leurs petits panier comme à franprix sauf qu’à la place du beurre il y a des cassettes avec en couverture une jeune asiatique qui se compresse les seins avec la légende « je suis dans l’huile et j’aime ça ! ». J’ai tourné les talons en remarquant quand même que les gérants du magasin avaient eu le sadisme de placer à la caisse une jeune fille qui n’en demandait pas tant.
Vint ensuite le rayon des figurines, des maquettes et des model-kit en résine. J’y ai vu à la caisse du même magasin, 2 vendeurs, un garçon et une fille qui emballaient pour un client une figurine de fille aux oreilles de lapin, à poil, le cul en l’air. Et pendant que le client finissait ses achats elle glissa à son collègue : « C’est quand même un peu bizarre…. »
Malgré les différents magasins visités, impossible de trouver une console DS lite à moins de 30 000 yens, soit le double du prix normal…..fichu rupture de stock….
En résumé, Akihabara, c’est excellent la plupart du temps, mais à certains moments, c’est glauque…
En sortant du super potato, qui vois je arriver au loin et la clope au bec (alors que c’est interdit de fumer dans les rues d’akiba), le jeune surveillant en working holidays. J’avais 1 chance sur 1 million de tomber dur lui dans Tokyo et 1 sur 10 000 de le rencontrer à akiba.
On a trouvé ça marrant, on a un peu discuté, il voulait que je vienne avec lui. J’ai refusé en prétextant que je n’avais pas le temps. En fait, c’est peut être un tort, mais j’ai du mal à voir les collègues de bureau en dehors, je suis toujours embarrassé par ça. Ce ne sont pas des amis, juste des relations de travail, j’aurais peut être passé une bonne soirée avec lui mais ça ne me disait vraiment rien.
J’ai donc continué mon chemin en achetant par ci par là des jouets kamen rider pour mon fils.
J’ai marché comme ça jusqu’à Ueno où j’ai pris le métro à 19H en dissimulant un peu mes sacs aux couleurs des magasins de jeux vidéo et de jouets…….quand je vous disais que j’assumais pas….
Je suis arrivé à mon hôtel en me demandant où j’allais dîner ce soir là.
Arrivé à ma porte j’y trouvais un petit morceau de papier blanc scotché…..je me suis dit : ça y est, je suis trop bruyant le matin, les gens se sont plaint…..quelle merde.
En fait non, en le dépliant, je me suis aperçu que c’était tout simplement Kyoko qui avait envoyé un mail à mon hôtel pour me prévenir qu’elle était libre le mercredi soir et que si je voulais, on pouvait se voir.
C’était sympa mais il était déjà 19H30 et elle avait peut être déjà planifié autre chose avec des amis en voyant que je ne répondais pas. Je suis allé jusqu’à la cabine téléphonique et elle me donna rendez vous sur la plateforme de la Toei Asakusa line à 20H30.
A l’heure dite, elle m’a demandé si j’avais faim….pas trop en fait. Elle m’a donc proposé d’aller à Roppongi. Nouveau quartier des affaires et accessoirement un des quartiers hype des nuits Tokyoïtes.
Nous sommes d’abord allé à Roppongi Hills et sa colline de buildings d’affaires, ses entrées de métro hi-tech avec écran géant (encore) et la tour de Tokyo illuminée au loin.
Elle m’a ensuite emmenée sur la Roppongi main street à la recherche d’un piano bar qu’elle aimait bien.
Elle m’a demandé comment j’avais trouvé Akihabara…..je lui ai fait part de mes réactions mitigée du fait que de se retrouver dans des magasins glauques avec des vidéos et des figurines assez creepy quand on tournait au mauvais endroit me gênait un peu.
Elle m’a alors demandé si je connaissait « Densha Otoko » (ok, j’étais grillé !).
Je lui ai dit que j’avais vu la série et le film et que j’avais le bouquin à la maison. Elle ne connaissait que de nom car l’histoire était assez populaire au Japon l’été dernier.
Je lui ai alors expliqué que, comme beaucoup de fans de culture japonaise dans les années 90, j’étais (mais elle le savais, je lui avait écrit sur le sujet à l’époque et elle aimait bien city hunter au lycée) au lycée fan d’animé et de musique japonaise et que la grande trouille c’était de ressembler à un geek sans vie réelle comme Densha. Ça la fait marrer.
Elle n’a pas trop le temps de regarder la TV mais on a discuté des vieux dramas (séries TV japonaises) que je connaissais comme « Tokyo love story » qu’elle avait vu au lycée et que j’avais regardé de mon coté car j’adorais le générique de début (« Love story wa totsuzen ni » par Oda Kazumasa). Une série télé hyper niaise avec des trentenaires à la vie sentimentale de lycéens, un grand moment de guimauve qui fait bien marrer 15 ans après.
C’est marrant parce que d’habitude je faisais ma feignasse avec Kyoko et je lui parlais en anglais mais là j’avais l’effort d’entamer la conversation sur les dramas en japonais. Elle m’y encourageait, elle est aussi prof particulier pour 2 business men à coté de son boulot chez Symantec.
La conversation s'est terminée dans un ascenseur partant pour le 8eme étage d’une tour, et là, le piano bar avait changé de proprio et était devenu un bar latino…….changement de programme, 8 étages dans l’autre sens.
Nous avons ensuite fait quelques détours, moi ne connaissant pas Tokyo et elle n’ayant pas le sens de l’orientation, on a un peu marché.
A la fin, elle a retrouvé le chemin d’un bar plus calme, un peu éloigné du main street.
Elle me fit remarqué en japonais qu’il y avait beaucoup de jeunes dans la main street et que nous allions dans un endroit fréquenté par des gens plus proche de notre âge. Ce à quoi je lui fit remarquer que nous étions encore jeunes……non mais……j’ai déjà du mal à assumer mes 30 ans, si en plus, même au japon, on me fait remarquer que je suis vieux …
Arrivés au bar, le portier était un Eurasien type mannequin chevelu fashion victime. Tout le monde dans le bar était jeune, beau et bien sapé. Pas super à l’aise, j’ai du faire une tête bizarre en entrant car ils m’ont regardé d’un drôle d’air.
Peut être parce que j’étais gaijin ? Parce que j’accompagnais Kyoko, qu’ils voyaient le plus souvent venir avec ses amis ? Parce que j’avais l’air d’un bouseux ?
La serveuse a échangé quelques mots amicaux avec kyoko, c’était vraiment une habituée
Enfin, bon, nous nous sommes installés dans un coin et j’ai commandé une margharita.
Cela me permit encore une fois de relater ma murge du siècle dans un café cubain en compagnie d’un ami……..salaud de cubains !
J’asseyais ainsi ma réputation de poivrot à un niveau international.
J’ai beaucoup parlé en mal de la France ce soir là, des rues salles, des gens qui jetaient leurs détritus n’importe où et de l’agressivité naturelle du parisien…….je n’ai pas été un très bon ambassadeur ce soir là mais je me suis rattrapé plus tard en relativisant mes propos. , j’avais rien avalé de solide de la journée et donc les cocktails faiblement alcoolisés du japon m’ont tout de même tourné la tête.
Vers la fin de soirée, après quelques verres, elle me donna rendez vous pour le samedi soir, à 20H30 sur la place de Hachiko, devant la statue du chien à la gare de shibuya. Machinalement, j’ai dit en français : « Devant le chien », elle l’a répété, ça lui a bien plu comme phrase en français, surtout « chien »…..oui, elle avait bu aussi.
Elle a un peu plus parlé de sa vie mais elle m’a surtout dit ce soir là qu’elle travaillait beaucoup, ça m’a rappelé une de ses anciennes lettres où elle me disait qu’elle ne passerait pas sa vie en heure sup’ comme le faisaient les anciens de sa boite…….j’ai eu l’impression qu’elle s’était fait rattrapée par le système.
On a quand même pas mal discuté, surtout de nos années de lycée où nous avions commencé à correspondre. J’avais l’impression de retrouver une ancienne camarade de classe, ce fut très sympa comme soirée.
Ce soir là j’ai réussi une manip pour payer l’addition avant qu’elle me refasse le coup de la dernière fois, nous étions donc à égalité.
En partant le personnel du bar ainsi que le portier m’ont sourit et souhaité une bonne soirée, je devais certainement faire une tête de tueur en arrivant.
Dans l’escalator du métro, elle fit une découverte :
Elle : « Oh, t’es grand »
Moi : «oui, désolé »
Nous avons donc devisé gaiement sur nos tailles respectives avant d’arrêter nos considérations éthyliques à la station de la ginza line où nous nous sommes séparé.
Je ne sais plus à quelle heure je suis revenu au Khaosan mais je sais que je n’ai pas eu de mal à trouver le sommeil, je savais déjà qu’il me faudrait plus d’un café le lendemain pour tenir le coup.
5 Comments:
aie!! ça va être dur demain!!!
tu t'es laché en faisant tes emplettes mon salaud!!!
Moi je te dis!! ON VA S'EN PRENDRE DES BONNES LA-BAS!!!
AH oui au fait... PRemmmmms!!!!!!!!
C'est marrant, je te sens chaud pour la murge internationale sur une ile dans le pacifique.
Mikael, je le sens pas loin non plus. T'imagine, le remake asiatique de "the big lebowski"?
Moi je fais Walter de base mais qui sera le Dude?
Mika je le vois bien en Nihiliste... il m'a déjà dit plusieur fois ( en mle regardant avec un air lubrique ) " Couper Zézette!!!!"
non non , je sais !! Mika c'est Jacky Treehorn !!!
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