lundi, mai 29, 2006

Kodomo no yume 7eme partie 18 mars 2006 FIN


La fin du rêve….il fallait bien y arriver un jour.
Affalé dans le lit, au loin, le bruit d’un bateau à moteur sur la Sumida. J’ai regardé mon portable, il était midi, j’ai eu peur, ça m’aurait fait mal de me réveiller vers 15 ou 16 heures pour mon dernier jour.



J’ai jeté un coup d’œil par la fenêtre du couloir, le temps était grisâtre. Ayant expérimenté la pluie japonaise, je priais pour que la météo ne vienne pas gâcher ma dernière soirée à Tokyo.
J’ai pris ma douche et j’ai enfilé mon costume noir avant d’aller prendre mon petit déjeuner au distributeur montant la garde devant le Khaosan.

Mon Emerald blue mountain à la main, je regardais passer un convoi de jeunes japonais à vélo : uniforme de base baller, sac à dos à l’arrière avec la batte qui dépasse, je pouvais cocher un nouveau cliché sur ma liste. Un sourire crétin sur le visage, je savourais mes dernières heures dans ce drama, le lendemain à la même heure, je serai de retour dans le monde réel.

Je me suis installé quelques instants dans le lobby pour consulter mes mails. Près de moi, les américains se moquaient des chanteuses à la TV. J’ai fait un sourire poli….j’étais rassuré, d’autres gaijins faisaient largement plus bouseux que moi.

Il y avait une japonaise dans le lobby, sachant que le règlement interdisait d’inviter des personnes non pensionnaires au Khaosan, j’ai naturellement pensé qu’il s’agissait d’un membre du personnel. Je lui ai alors demandé en anglais (feignasse forever !) si le proprio, Shingo san, serait présent cet après midi. A sa tête, il était évident qu’elle n’avait rien compris, j’y suis donc allé en japonais :
- « Koko de hatarakimasuka ? » (Vous travaillez ici ?)
- « Iie, chigauyo. » (Non, pas du tout)

Les américains derrière : « Wow ! »

Et je suis parti dans ma chambre avec le sourire. Dans l’escalier, j’ai croisé un jeune qui s’occupait du ménage s’acharnant sur l’escalier. Il m’a expliqué que quelqu’un avait renversé une bouteille de jus de fruit dans l’escalier la nuit précédente et était simplement parti se coucher en laissant le tout sécher pendant la nuit.

J’ai fait ma valise de façon soigneuse, une couche de console, une couche de vêtement, une couche de soft, une couche de vêtement et une couche de jouets pour mon fils.


Quand je suis redescendu, Shingo san était dans le lobby. Je lui ai dit que je regrettais de ne pas avoir pu le voir plus souvent cette semaine et que j’allais partir tôt le lendemain matin. Contrairement au 1er jour, son visage était fermé. Il m’a demandé si j’étais au 2eme étage, je lui ai dit que c’était exact. Il m’a alors dit que j’aurais du quitter la chambre depuis le matin.
Alors là je me suis dit : « Merde, je me suis planté dans la réservation ! ».

Je lui ai alors demandé si il m’était possible de rester une nuit de plus mais il m’a répondu par la négative. A ce moment là, je me suis senti un peu mal, en fait, il me faudrait juste un endroit pour entreposer mes affaires pour la journée et je prévoyais de passer la nuit à l’aéroport de Narita en attendant mon vol….c’était pas la mort.

Je me suis alors platement excusé et je lui ai dit que j’allais dégager la chambre de mes affaires. Je suis rentré dans ma chambre en me maudissant pour mon manque de précision. Shingo san est alors apparu dans le couloir :
- « Mais, je pensais que vous étiez au 2eme étage, mais là……attendez, je vais vérifier. »

Effectivement, pour la France, j’étais au 2eme étage, mais pour le Japon, j’étais au 3eme, le rez de chaussée étant le 1er étage…….Je suis con des fois…….

Il est revenu avec un grand sourire et s’est excusé au moins 15 fois de son erreur, il m’a même proposer de rester une journée de plus.

En fait, au 2eme étage (point de vue nippon, j’entends) il y avait le dortoir avec un groupe de touristes américains qui avait foutu un peu le bazar (dont le jus de fruit et encore ça s’était rien) et ramené des poules japonaises au lobby. De plus, ils avaient squatté le lobby même après l’heure du départ et Shingo a cru que je faisais parti du groupe et donc il faisait la gueule et était pressé de se débarrasser de moi. Une fois qu’il a compris que je n’étais pas avec les autres, il a été très charmant et nous avons discuté un bon moment. C’est un type très sympa mais faut pas le prendre pour un con.


Je suis donc parti pour une ultime visite dans Tokyo avant d’aller à mon rendez vous avec Kyoko.



Au départ, je pensais me rendre au zoo de Ueno ou au parc de Shinjuku. Faire un tour au Tokyo dôme ou au palais impérial. J’ai fait quelques pas dans Asakusa que je n’avais réellement vu que tôt le matin ou tard le soir et là, je me suis fait avoir.



Je me suis perdu dans les petites rues mais c’était enivrant.
Les marchés, les ruelles, les galeries marchandes, un Ultraman géant à un coin de rue, les petits vieux qui faisaient leur tiercé à un autre, je me suis laissé gagner par le charme du quartier.



Je me suis arrêté à un magasin de jouet tenu par 2 petits vieux pour un ultime cadeau pour mon petit lapin.



J’ai marché, j’ai senti l’odeur des restaus à Ramen. Je me suis laissé porter par le brouhaha assourdissant de pachinkos. J’ai croisé un type en costume tout droit sorti d’un film de Yakuza de Fukasaku. A un moment, je me suis même retrouvé dans la rue des cabarets décrite par Kitano dans son autobiographie.



C’était ça Asakusa, c’était ça Tokyo, c’était ça le vrai Japon. Ce quartier a une âme, une identité, c’est l’esprit même de cette ville.

A ce moment là, la pluie a commencé à tomber…..et merde. Je suis allé mettre mes derniers achats dans la valise, j’ai pris mon parapluie et la toei ginza line, direction : Shibuya.

Arrivé à Shibuya, le parapluie à la main il ne pleuvait plus. J’étais à la place Hachiko en avance. J’ai donc décidé de remonter l’avenue. Je tenais particulièrement à visiter cet endroit car, il y a quelques années, j’avais fait un jeu sur saturn, un sound novel intitulé : Machi. Un jeu d’aventure graphique en photographie se déroulant justement à Shibuya à la fin des années 90. C’était une lettre d’amour pour ce quartier, une histoire avec comme personnage principal Shibuya avec ses rues, ses places et ses boutiques. Je me suis rendu au magasin de disque « Tower Record » que l’on peut retrouver au début du jeu Machi. J’ai flâné dans les rayons, écoutant ça et là les derniers tubes au Japon.
Je me suis ensuite installé dans un café assez hype avec une fontaine de plexiglas au centre pour déguster un blend coffee en attendant l’heure de mon rendez vous. Le lieu était rempli de jeunes nippons bien sapés et d’une famille de saoudiens ne sachant plus dans quel pays dépenser leurs thunes.

En redescendant vers la gare de shibuya, je croisais un camion aux couleurs du volume 6 de « Nana ».

Enfin de retour à la place de Hachiko. Mondialement connue pour les amateurs de culture japonaise contemporaine. THE PLACE TO BE ! Place d’Hachiko, le samedi soir à 20Heure, l’endroit le plus HYPE du monde (si tu sais pas ce que ça veux dire, c’est que tu ne l’es pas !). Il y avait des japonais, des américains et des français. La place de Hachiko, c’est là qu’on se donne rendez vous, c’est le lieu de rendez vous le plus célèbre du Japon, ils en ont même fait un verbe (Hachiko shiyo !).
A la base c’est juste l’histoire d’un chien il y a 70 ans, qui venait chercher son maître tout les soirs à la gare de Shibuya. Quand le maître est mort, le chien a quand même continué à venir tous les soirs. Il y a eu des articles, le Japon a été ému et à la mort du toutou, on a érigé une statue à la place où il attendait son maître.



Et me voila, moi, à 20H, attendant mon rendez vous à la place de Hachiko à la gare de Shibuya, comme dans un anime, comme dans un drama, comme dans Machi, comme dans un rêve…

20 heures, Kyoko est arrivée. Elle m’a demandé si mon parapluie venait de France, non désolé. Nous avons parlé « Muji », on a cherché une traduction française pour le mot kakkoï (classe, c’est le plus proche), je lui ai raconté mes aventures de l’après midi avec le proprio qui a failli me virer avant l’heure.
Elle m’a demandé, au bout d’une semaine, quel était mon quartier préféré à Tokyo, je lui ai répondu Asakusa, sans hésiter. Elle, elle préfère Yokohama à Tokyo.
Elle se préparait en dehors de ses heures de travail pour un concerto de piano en public, elle devait travailler un récital de Chopin mais comme elle n’avait pas trop le temps, ça la rendait nerveuse.

Elle a voulu m’emmener dans un bar sympa mais elle ne l’a pas retrouvé alors nous sommes allé dans un nouveau bar hype venant d’ouvrir à Shibuya.
Le bar était de type traditionnel et nous avons dû quitter nos chaussures et les placer dans des petits casiers fermant avec une plaque de bois perforé avant de gagner notre place. Je ne sais pas pourquoi mais je lui ai dit qu’en France, le seul établissement où je devais enlever mes chaussures pour entrer, c’était la piscine…….elle a ri……c’est vraiment une fille bien. Non mais qu’est ce que c’était que cette blague de touriste à la con ?......pas grave….

Alors, ce qui est marrant dans ce genre d’établissement, c’est quand on va aux toilettes et qu’on croise un autre type habillé comme soi, en costume et en chaussette. Alors, on se regarder et on se croise, en chaussette, sur le carrelage froid…..une situation intime avec un parfait inconnu, une situation Vaudevillesque. Oui, toi aussi mon frère, tu as l’air con en chaussette, toi aussi tu as été heureux de voir que ta chaussette n’a pas été trouée après ta journée de travail évitant de te foutre la honte devant tes collègues qui t’ont entraîné ici.

Alors, nous étions assis à une table séparée des autres par un paravent, à notre droite, un groupe de touristes américains beuglaient fort leur accent agressif tandis qu’à notre droite, un troupeau de jeunes japonaises gloussaient fort et parlaient vulgairement.
A ce moment là, il y a aussi un truc qui m’a agacé. Au Japon, se moucher en public est assez vulgaire, on se mouche discrètement, dans un coin, sans être vu et surtout pas entendu. Etant arrivé en pleine saison du pollen avec, en plus un début de rhume……j’ai souffert ! Mais j’ai tenu bon et je n’ai dégoûté personne là-bas. Ce soir là, parmi les gallinacés nippones à notre gauche, il y en a une qui ne s’est pas mouché, elle s’est littéralement et bruyamment vidangé les cloisons nasales de façon aussi délicate qu’un barrissement d’éléphant ! Je l’ai haï pour tout ces moments où j’ai silencieusement reniflé dans le métro jusqu’à ce que je trouve un coin discret à ma station. Kyoko, dans sa grande classe (alors que pour elle, ce bruit devait sonner comme un client vomissant dans son assiette), n’a rien montré de son désagrément.

Cette dernière soirée fût différente, nous avons réellement discuté comme 2 amis, elle m’a confié des choses assez personnelles sur sa vie et je lui ai aussi parlé de ma vie. C’est la première fois qu’elle me parlait autant d’elle. Elle m’a également confié son désir de venir en Europe l’été suivant. Je lui ai raconté la façon dont je me suis fait dragué la veille au bar de Asakusa, elle m’a répondu que les japonaises étaient assez directes.

Vers la fin de la soirée, elle m’a donné un petit paquet, elle m’a dit que c’était pour ma femme et pour moi, je lui ai demandé si je devais l’ouvrir tout de suite, elle m’a alors répondu d’attendre mon retour en France.

J’ai attendu qu’elle aille se laver les mains pour payer l’addition de façon furtive, j’avais gagné le match 2 à 1, victoire écrasante pour la France !

En sortant du bar, je lui ai dit que je ressentais un mélange de sensation entre la joie d’avoir réalisé un rêve d’enfant et la tristesse de le voir arriver à terme
Au croisement, devant la place de Hachiko, un type bourré a foncé en biais sur Kyoko, j’ai réussi à le choper de justesse et à le dévier…..c’est dingue ce que c’est maigre et léger un japonais torché !
.
A la gare de Shibuya, je lui ai dit que je la considérais vraiment comme une amie et que j’espérai la revoir avant les 10 prochaines années.

Sur le quai du métro, je faisais les 100 pas en me disant que nous ne nous reverrions peut être jamais, c’est à ce moment là que je remarquais pour la 1ere fois des lignes sur le sol du quai. En fait, pour entrée dans les voitures du métro, il faut faire la queue sur le quai et que, malgré tout mes efforts pour être poli au Japon, j’avais passer une semaine à rentrer dans le métro comme un barbare. Grillant berzerk des nippons qui attendaient sagement leur tour…..pas grave, ça sera pour la prochaine fois…



Retour chez moi, à Asakusa. Quartier populaire, un peu notre 18eme arrondissement, sauf que là, on a pas peur de se promener à 1 heure du matin, j’y ai vu des petits couples à vélo avec la fille assise en amazone derrière le garçon (et hop, encore un cliché) et des familles rentrer tranquillement de soirée sans risquer de se faire égorger.



J’avais pas trop le moral. J’étais impatient de retrouver ma femme et mon fils mais je sentait que ce pays clean and safe allait me manquer. Je n’avais pas envie de dormir, je me suis promené dans les rues de Asakusa, ce soir là, y’avait au moins quelqu’un de dangereux dehors.



Je suis rentré dans un Tsutaya (un vidéo club sur 3 étages, ouvert 24 heures sur 24) et j’ai regardé les Cd d’occasions à la vente. Je suis alors tombé sur les rayons des Ipod et je suis allé voir la vendeuse. Je me suis adressé à elle en japonais et elle essayait de me parler en anglais, elle a donc quitté sa caisse pour voir ce que je voulais. Quand elle a compris que c’était un Ipod, elle m’a demandé dans un anglais très approximatif :
- « HOWAÏTO OR BOULAKKU ? » (White or Black?)
- “Kuroi ha ii desuka?” (Vous l’avez en noir?)

Réalisant que je parlais japonais, elle s’est arrêté et m’a balancé un regard au fond duquel était écrit en grosse lettres de néon : « Tu me prends pour une conne là ou quoi ? ». J’étais enfin vengé pour toute les fois où j’ai eu l’impression d’être pris pour le dernier des demeurés dans cette ville.




J’ai donc déambulé dans Asakusa une bonne partie de la nuit. Je suis rentré à mon hôtel pour dormir 2 heures avant de reprendre une dernière fois la toei ginza line. A Ueno, j’ai pris le train pour Narita. Dans ce train, 2 touristes chinois faisaient encore plus bouseux que moi, c’était déjà ça.

Dans la salle d’attente de l’aéroport, l’écran géant diffusait le clip « Shodo » de B’Z, le même clip qu’à mon arrivée, je bouclais la boucle. Le manque de sommeil aidant, je senti un grand spleen m’envahir.
Je n’ai pas tenu ma promesse, j’ai ouvert la carte contenue dans le paquet de Kyoko dans la salle d’attente de l’aéroport.
« Cher Stéphane,
J’ai été très heureuse de te rencontrer enfin au Japon.
Je crois que nous sommes devenu de meilleurs amis encore maintenant.
Passe le bonjour à Marie-Cécile et à Eric.
J’espère te revoir et rencontrer prochaine ment ta famille.
Kyoko. Le 18 mars 2006. »

Mon moral venait de faire une chute libre.

L’appel pour mon vol venait d’être annoncé. Dans l’avion, on m’avait placé à coté de 2 japonaises qui avaient peur de l’avion. Ce vol pouvait être marrant en fin de compte.

jeudi, mai 25, 2006

Kodomo no yume 6eme partie 17 mars 2006



Vendredi 17 mars 2006, dernier jour de stage, ça sentait la fin, ça puait le sapin (Proverbe d’infirmier). Une douce mélancolie s’était emparée de moi. C’était la dernière fois que je prenais le métro de Tokyo aux heures de pointe pour le boulot, les derniers coups d’épaule dans le salary man, la fin d’une expérience professionnelle sans précédent pour moi.

Il faisait beau temps, j’avais peur de finir mon séjour sous des trombes d’eau. J’ai traîné sur le site du lycée à Ryuhoku, j’ai confirmé mon rendez vous avec le proviseur et je suis parti bien en avance pour voir le directeur du primaire.

Quand je suis arrivé à Iidabashi, le quartier où se trouve le site du primaire (Fujimi), il faisait même un beau soleil. Je suis allé à la poste, j’ai toujours pas compris où commençait la file et j’ai certainement dû griller quelqu’un mais bon mes cartes postales sont parties et c’était déjà pas mal.

Pour déjeuner je suis repassé par mon café préféré, le « Cat’s eye » en plus classe dont j’avais déjà parlé. Je me suis assis sur mon siège, à ma place au comptoir (la même que la dernière fois quoi…) et j’ai demandé ce qu’ils avaient pour déjeuner. La patronne m’a regardé et m’a demandé : « Vous mangez du Tonkatsu ? » (C’est des tranches de porc pané). J’ai répondu qu’il n’y avait pas de problème.



Elle m’a alors servi un Tonkatsu bento. Une boite de bois avec des compartiments contenant de la salade, du riz, des petits légumes vinaigrés et une bonne tranche de Tonkatsu.
La viande était bien grillée à l’extérieur mais très fondante au cœur, un régal. J’ai terminé le repas sur un délicieux café fait maison.
La patronne m’a félicité sur ma maîtrise des baguettes…Ils ne savent pas qu’il y a des restaurants japonais dans Paris où je fais tout simplement partie des meubles…

Elle m’a demandé si je travaillais au lycée français, on a discuté de mon boulot c’étais sympa. (Même si c’est pas évident d’expliquer mon job en japonais dans la mesure où il n’y a pas d’équivalent au Japon).

Je suis ensuite parti pour ma balader à Iidabashi, me balader dans les boutiques de CD et admirer un peu le paysage.




Quand je suis revenu devant Fujimi, j’avais encore du temps alors je suis allé m’asseoir dans le jardin d’enfant en face de l’école. M’asseoir dans un jardin d’enfant perdu dans mes pensées...encore un cliché assouvis. Dans combien d’animés, de tokusatsu ou de drama avais je vu cette scène. (Dans kimagure, city hunter, kamen rider, Tokyo love story, etc…encore un rêve d’ado qui revenait à la surface.)

J’ai été reçu par le directeur de Fujimi juste avant l’arrivée d’un groupe de musique local, au dehors j’entendais les enfants qui jouaient dans la cour, une ambiance de kermesse. Le directeur lui-même était fort sympathique avec son accent du sud ouest, à la fin de notre entretien, je fus même invité à assister au concert. J’ai dû refuser à regret car je n’avais plus le temps.

De retour à Ryuhoku, j’ai eu mon ultime rendez vous avec le proviseur. Toujours la grande classe. Notre entretien fut bref mais carré et me fit une magnifique conclusion pour mon rapport.
J’ai salué tout le monde et c’est avec un petit pincement au cœur que je quittais le lycée franco-japonais de Tokyo.





Je suis rentré chez moi pour prendre une douche et me mettre plus à l’aise (jean, etc.…) et je suis parti me balader.
Direction Harajuku, le quartier des jeunes, en plus il paraît que le magasin d’occasion Book-Off est une mine d’or là-bas.
Il n’y a pas de drogue au Japon...ok...en tout cas à la gare de Harajuku, ça pue le shit, ça prend au nez dès qu’on sort de la gare. Pour bien me montrer que je ne rêvais pas, c’est le seul endroit au Japon où j’ai vu des affiches sur les murs avec marqué dessus : « La drogue : C’est pas bien ! ».



J’ai donc commencé par essayer de me repérer sur une passerelle pour voir le Book-Off de loin…je l’ai jamais trouvé…
Alors Harajuku c’est le coin hype de la jeunesse branchée : alors la mode en mars pour les filles c’était le costume noir avec un tailleur de la même couleur, un chapeau légèrement penché sur le coté et de grandes lunettes fumées.





J’ai pris la grande rue Omotesandou jusqu’à Aoyama.



Omotesandou, c’est un peu comme les champs Elysées, c’est une grande avenue bordée d’arbres avec des boutiques de luxe tout au long.
Au détour d’un grand immeuble constellé d’écrans géants, on tombe parfois sur un petit temple planqué dans le noir, si peu éclairé qu’il m’a été impossible de le prendre en photo mais la fracture des 2 univers est assez saisissante.

Sur le chemin, j’ai eu le plaisir de voir un vieux visage connu sur un panneau publicitaire.



Vantant les propriétés de power up d’une bière, le visage de Takahashi Meijin souriait sur une grande affiche jaune.
Qui est Takahashi Meijin ?
Bande d’incultes !!!
C’était le Monsieur Jeux Vidéos des années 80. Le champion de Star Soldier. La figure de proue de Hudson soft……le premier pro gamer !
Le jeu Adventure Island sorti en occident a pour nom japonais : Takahashi Meijin no boken jima. En gros, c’étais le mec le plus connu du monde des jeux vidéos à l’époque des consoles 8 / 16 bits et il a disparu à l’époque de la playstation. Je me demandais justement ce qu’il devenait à l’époque où j’ai vu cette pub.




Arrivé à Aoyama, j’ai décidé de rebrousser chemin jusqu’à Harajuku pour enfin trouver le Book-Off. Je ne sais pas comment j’ai fait, à quel mauvais moment j’ai tourné mais je me suis retrouvé à la gare de Shibuya.



Pas cool, j’avais promis à Kyoko de visiter Shibuya avec elle. J’ai juste jeté un coup d’œil à la place de Hachiko pour ne pas me perdre le lendemain et j’ai repris le chemin de Asakusa.

Asakusa, 23 heures, un de mes derniers soirs. J’allais pas rentrer me coucher, merde, c’était la St Patrick. J’avais repéré une petit vendeur de Ramen ambulant, comme ceux des animés, encore un cliché à essayer mais je n’avais que des billets de 10 000 yens, donc il fallait que fasse de la monnaie. Je me suis donc promené dans les galeries marchandes. Comme dans le jeu « Shin megami Tensei », les rues commerçantes sont couvertes par un toit translucide placé entre les 2 immeubles. Toutes les galeries marchandes sont donc couvertes. Des néons éclairent le tout d’une lumière crue. Tous les commerces étaient fermés et des lignées entières de SDF dormaient sur leurs cartons. Les rues vides résonnent beaucoup et c’est au bruit de leurs geta (sandales en bois) claquant sur le sol que j’ai croisé 2 Maïkos, des apprenties geishas, tout en costume et en maquillage. Cette brève rencontre fut totalement intemporelle, je n’ai pas pris de photo, ç’ aurait été une faute de goût.

Ce genre de rencontre vous laisse une impression bizarre, à cet endroit, à cette heure l’impression d’illusion est forte. C’est à ce moment là que j’ai entendu les Beatles.




Invisible en pleine journée car dès que la porte est fermée, l’entrée est complètement cachée, le RED SHOES LIVE BAR apparaît la nuit comme le vidéo club gokuraku dans « Video Girl Aï ».
Une table avec une TV diffusait les standards des Beatles, une affiche qui annonçait les concerts live. J’ai prudemment descendu les marches pour jeter un coup d’œil dans le bar. Comme mu par un 6eme sens le patron est sorti à ce moment là, m’a fait un grand sourire, m’a chopé par le bras et m’a embarqué au RED SHOES.

Où étais-je ? Un groupe composé d’une chanteuse, un clavier, un guitariste et un batteur jouait Imagine de Lennon. Au fond, le bar avec sa serveuse et son serveur. Et, à une table, un groupe de types d’une cinquantaine d’année en costume qui discutait en buvant. Dans le bouquin de Kitano sur Asakusa, il décrivait, les cabarets, les SDF, les Geishas mais aussi les Yakuzas…
Le patron a fait bouger un des types en costar pour que je puisse m’asseoir au comptoir. Moi dans ma tête je me disais : « Non, ça va, on va pas les déranger…..on sait jamais. ».
Au comptoir, on m’a filé la carte et le listing des request songs. J’ai commandé un gin fizz (Je cherche toujours le gin…) et j’ai écouté le groupe.

La serveuse m’a demandé d’où je venais, je lui ai répondu mais comme le groupe jouait fort, elle a fait le tour du bar et elle est venue se coller à moi….
A ce moment là, j’ai pensé « Mon gars, t’es un occidental isolé en Asie, si elle te parle de fric ou si elle est plus explicite, tu pose le billet de 10 000 yens sur la table et tu te barres vite fait vers la sortie». Je ne savais pas encore dans quel type d’endroit j’étais tombé. Elle me parlait avec une voix traînante en essayant d’avoir l’ai kawaï.
- « Tu t’appelles comment ? »
- « Stéphane. »
- « Moi, c’est Ayumi, t’as quel age ? »
- « 30 ans. »
- « J’ai 24 ans………Dis, tu as une petite amie ? (Cash !!) »
- « Bah, j’ai une femme et un petit garçon de 10 ans. »

On a continué à discuter ainsi quelques instants, puis elle est repartie de l’autre coté du bar…
C’était une fille gentille, un peu nunuche qui se fait charrier par tous les habitués et par le serveur. A un moment elle a servi la table des cinquantenaires et l’un d’eux lui a fait en me montrant : « Hé Ayumi ! C’est ton nouveau petit copain ? » Elle a répondu : « Bah, je pensais, mais il est marié. »…
Elle m’a laissé tranquille le reste de la soirée, me demandant de temps en temps si j’allais bien mais elle a quand même réussi à me balancer à un moment que je ressemblais à Kieffer Sutherland dans le film Stand by me... On peut se refaire l’intégrale de la filmographie de Sutherland, je ne pense pas qu’il y ai un film où je lui ressemble….Mais bon, d’un point de vue asiatique, nous autres les blancs, on se ressemble tous…

Sinon, la soirée fut géniale, le patron m’a présenté à tous ses clients, je devais être le 2eme occidental à rentrer dans le bar, j’étais un peu l’attraction de la soirée.
Un client, Yoichi, quand il a appris que j’étais français, a appelé sa belle sœur en France pour me la passer au téléphone, il m’a joué stairway to heaven à la guitare et il m’a embarqué pour chanter Honesty de Billy Joel sur scène. Je lui ai dit que je connaissais pas les paroles, il m’a dit que c’était pas grave, ce fut un massacre, au moins, on a bien fait marrer le groupe.



Il m’a fait goûter le Shochu, un saké très sympa au goût. Ce fut une soirée de folie, j’ai discuté avec plein de gens sympas. Les japonais ont l’air hyper froid au premier abord, mais dès qu’il y a un contact, ce sont des gens vraiment chaleureux. Yoichi m’a dit que le quartier y était aussi pour quelque chose, « D’où que tu viennes, Asakusa ressemble toujours un peu à un chez soi. ».

Je suis reparti à 1 heure du matin après avoir été salué par tous les clients du bar.


lundi, mai 08, 2006

shopping

En attendant la suite et fin de mes aventures, voici un aperçu de mes achats à Akiba.
(Il manque la carte memoire neo geo que j'ai rangé dans la boite de art of fighting).